Comment la simplification administrative peut-elle susciter de l’adhésion ou de la résistance de la part des agents publics? Comparaison de deux projets de l’Agence pour la Simplification Administrative fédérale belge

La présente recherche s’intéresse à la résistance d’agents publics au cours de processus de simplification administrative. Alors que la simplification administrative a pour vocation de simplifier la tâche des agents publics, et a donc un objectif très positif, ces derniers éprouvent dans certains cas de la résistance. Pour ce faire, la littérature qui traite de différents facteurs et de différentes dimensions de la résistance a été utilisée. L’étude de deux projets de simplification administrative constitue la base du travail : la facturation électronique automatique et le registre central des actes d’état civil. La facturation électronique automatique est un document dématérialisé, qui permet de recevoir, d’envoyer et de traiter automatiquement les factures sortantes et entrantes transmises entre les fournisseurs et leurs clients (dans le cas présent une administration publique). Le registre central des actes d’état civil est aussi un projet d’informatisation ; il a permis de créer une banque de données qui contient l’entièreté des actes d’état civil : actes de naissance, de mariage, de décès, etc. Presque vingt entretiens semi-directifs auprès d’agents publics et de concepteur.rice.s et implémenteur.rice.s de ces deux projets de simplification administrative ont été conduits. Cette recherche distingue trois catégories de facteurs de résistance (individuel, social et contextuel) et détermine leur influence sur la résistance ou l’adhésion à ces projets de simplification administrative. Les facteurs individuels tels que la personnalité ou l’âge sont surestimés comme étant des facteurs de résistance dans la littérature. Différents traits de personnalité comme l’homéostasie, l’habitude, la rétention sélective ou encore le sentiment de méfiance sont présentés dans la littérature comme étant des facteurs de résistance. Néanmoins, l’analyse ne permet pas de les considérer dans cette recherche comme étant des facteurs de résistance. Les facteurs sociaux se sont révélés des moteurs d’adhésion à la simplification administrative. L’implémentation des projets de simplification administrative a multiplié les relations des agents les uns avec les autres. Cette augmentation permet davantage de phénomènes de solidarité de groupe, d’entraide face aux problèmes que peuvent engendrer les projets. Enfin, cette recherche permet de tirer certaines conclusions sur l’importance des facteurs contextuels, notamment en matière de communication, qui se révèle fondamentale lors de l’implémentation d’un processus de simplification administrative. Si la communication est en même temps « top down » et « bottom up », si elle explicite les « incentives » de la simplification administrative et si elle ne précipite pas la simplification, elle sera de qualité. Plus une communication est de « qualité », plus elle génère de l’acceptation, de l’engagement et de l’adhésion envers la simplification administrative.