La représentation du nombre dans l’espace chez les personnes aveugles : étude du phénomène d’adaptation tactile passive chez les individus présentant une cécité congénitale

L’avancée de la recherche, dont nous donnons un aperçu théorique, permet de comprendre de mieux en mieux l’influence d’une cécité précoce dans la représentation du nombre et de l’espace. Cependant, de nombreuses questions subsistent. Cette étude s’interroge donc sur le rôle d’une cécité congénitale dans une tâche de perception de numérosités précédée par une adaptation tactile passive. Les personnes dépourvues de vision présentent-elles ce phénomène d’adaptation ? Cet effet est-il codé dans le même cadre de référence spatial que chez les individus voyants ? Afin de répondre à ces interrogations, nous avons convenu de présenter une tâche d’estimation de numérosités tactiles à la suite d’une adaptation tactile passive à des participants aveugles de naissance et des individus voyants appariés. L’étude prévue a pour objectif d’évaluer une dizaine de participants dans chaque groupe. L’expérience est constituée de deux étapes. Dans la première, les participants sont soumis à un certain nombre de stimulations tactiles sans devoir les compter. Une seconde séquence de stimulations est ensuite présentée et les participants estiment le nombre de stimulations reçues. Plusieurs conditions sont proposées : 1) les mains en positions parallèle ou croisée, 2) une adaptation rapide (grand nombre de stimuli) ou lente (petit nombre de stimuli) et 3) une condition congruente (les mains stimulées sont identiques lors des deux phases) ou non-congruente. Malheureusement, en raison de la pandémie du COVID-19, il nous a été impossible de mettre en pratique cette étude. Les résultats exposés sont donc nos résultats attendus selon nos hypothèses. Nous suggérons que les résultats de cette étude révèleraient tout d’abord l’existence d’un effet d’adaptation chez tous les participants. Ensuite, nous prédisons que cet effet sera représenté dans un cadre de référence externe chez les individus voyants. En effet, leur effet d’adaptation dépendrait de l’espace dans lequel se produiraient les stimulations. Néanmoins, l’adaptation serait dépendante de la main stimulée et donc nous supposons que l’effet d’adaptation chez les individus aveugles congénitaux serait représenté dans un cadre interne. Si ces résultats sont confirmés à l’avenir, cela nous permettra de conclure qu’une adaptation tactile passive n’est pas représentée dans les mêmes cadres de référence chez les individus voyants et non-voyants de naissance.