La profondeur des connaissances sémantiques : un prédicteur des capacités de lecture chez les enfants sourds ?

La profondeur des connaissances sémantiques est un domaine peu investigué chez les enfants sourds. Cependant, grâce à ces capacités prédictives dans la compréhension à la lecture, son étude permettrait d’aborder sous un nouvel angle la prise en charge de la compréhension à la lecture chez les enfants sourds. Dès lors, nous nous sommes demandée à quoi correspondait cette profondeur. Elle est considérée comme étant la manière dont nous connaissons un mot c’est-à-dire les connaissances que nous avons à propos de ce mot. Cependant, auprès de la population d’enfants sourds, ces connaissances peuvent être orales ou signées. Il se peut donc qu’elles diffèrent de celles des enfants tout-venants. Chez les enfants sourds, nous savons que le réseau lexical est moins étendu et moins riche (Coppens et al., 2011). Dès lors, nous nous sommes posé la question de savoir si la profondeur des connaissances sémantiques chez les enfants sourds était similaire à celle des enfants tout-venants et si elle était prédictive des capacités de compréhension à la lecture ? Pour cela, nous avons mis en place une étude où nous voulions tester des enfants sourds âgés entre 6 et 12 ans et les comparer à une groupe d’enfants tout-venants appariés selon l’âge et le sexe. Nous voulions les tester via quatre taches : une tâche de DRM sémantique, une tâche de jugement de synonymes et de jugement d’hyperonymes et enfin une tâche de compréhension à la lecture. Cependant, la crise sanitaire due au Covid-19 nous a empêchée de réaliser le testing. Nous n’avons donc pas pu obtenir de résultats. Malgré cela, nous avons tout de même émis des hypothèses. Nous nous attendions à ce que les performances des enfants sourds de parents entendants soient plus faibles que celles des enfants tout-venants. Pour les enfants sourds de parents sourds, nous nous attendions à des performances égalant celles des enfants tout-venants. Nous avons également mis en avant la distinction avec les enfants porteurs d’appareils auditifs (AA) et les enfants porteurs d’un implant cochléaire (IC). Ces derniers devraient avoir des résultats plus faibles que les tout-venants (TV) mais plus élevés que les enfants sourds appareillés (TV>IC>AA). De plus, nous nous attendions à ce que ces résultats soient corrélés avec les résultats en compréhension à la lecture. Nous n’avons donc pas su répondre à nos questions de recherche. Cependant, nos hypothèses semblent se confirmées lorsque nous faisons un état des recherches dans ce domaine (e.g., Kyle et al., 2015).