Analyse de l’impact des premiers plans de colonisation dans les schémas spatiaux actuels de la province du Chaco en Argentine

La déforestation et l’avancée de la frontière agricole animent le débat environnemental depuis des décennies. Dans la province du Chaco, en Argentine, le début de la destruction des écosystèmes et de l’exploitation agricole date de la première colonie délimitée autour de la capitale, Resistencia, en 1878. Successivement, différents types d’exploitations se sont succédés en fonction des ressources de la région, des investissements étrangers, du contexte socio-économique et des limites qu’imposent le sol et le climat. Il y eut d’abord l’exploitation du quebracho pour son tanin. Puis, aux alentours des années 30, la province du Chaco fut le leader national en production de coton. Désormais, et depuis la fin des années 80, le soja est la culture majoritaire dans la province. La fragmentation du paysage de la province est en évolution permanente. Dans ce contexte, l’objectif de ce mémoire est de déterminer l’influence des premières colonies de la province du Chaco dans le schéma spatial actuel ainsi que dans l’évolution des processus de déforestation, de changements d’occupation du sol et d’anthropisation du sol depuis le début de l’accélération exponentielle de l’expansion des champs de soja transgénique. Pour ce faire, des analyses de télédétection, suivies d’analyses utilisant un système d’information géographique, sont réalisées. Des images Landsat du sud-est de la province du Chaco en 1987 et 2018 ainsi que plusieurs sets de données spatiales sont utilisés pour développer ces hypothèses. Une différence de NDVI est appliquée pour détecter les zones déforestées et une comparaison post-classification est réalisée pour détecter les zones de changements d’occupation du sol. Les différentes méthodes utilisées ont tendance à sous-évaluer la réalité mais indiquent néanmoins l’influence de certaines variables dans la localisation des zones de déforestation et de changements globaux et anthropiques d’occupation du sol. Ainsi, dans la zone d’étude, les anciennes colonies agricoles délimitées entre 1878 et 1921, les zones à proximité des entités (villes, villages et hameaux), les zones à proximité des routes asphaltées nationales ou provinciales et les zones situées dans l’écorégion du Chaco sec, ont des pourcentages de déforestation et de changements globaux et anthropiques d’occupation du sol significativement plus élevés. Néanmoins, ces zones étaient déjà considérablement anthropisées en 1987. L’impact de ces variables est à relativiser. Depuis l’introduction du soja transgénique et les avancées technologiques pour repousser les limites imposées par le climat et les sols, la localisation des zones déforestées et l’avancée de la frontière agricole se trouvent parfois loin des axes de communication et des zones peuplées. Le contexte socio-économique de chaque région et les lois macroéconomiques sont les moteurs de ces processus qui fragilisent les sols, le climat local et global, la biodiversité et les sociétés.