Vriamont, Anaëlle
[UCL]
Hance, Thierry
[UCL]
Albittar, Loulou
[UCL]
En Belgique, la lutte contre le puceron cendré du pommier, Dysaphis plantaginea, représente un enjeu économique conséquent, la pomme étant la culture fruitière la plus importante du pays. Ce ravageur est actif très tôt dans la saison, bien avant que les auxiliaires de culture ne soient présents, engendrant alors des dégâts considérables sur les pommiers et créant des pertes de rendement en fruits pouvant atteindre les 30%. De nombreux traitements insecticides sont largement utilisés pour lutter contre ce puceron, ce qui entraîne des déséquilibres au sein de l’écosystème. En effet, il a été prouvé que les produits phytopharmaceutiques ont des impacts néfastes sur les auxiliaires de culture, les pollinisateurs, et sur la santé des utilisateurs et des consommateurs. Une alternative à l’emploi de ces produits pourrait néanmoins provenir de l’utilisation de guêpes parasitoïdes dans le cadre d’une lutte biologique, combinée à d’autres pratiques qui sont recommandées d’après les systèmes de lutte intégrée existants. Le but étant de réaliser des lâchers précoces de parasitoïdes durant les mois de mars et d’avril afin de contrôler au plus tôt les populations de pucerons dans les vergers, il est indispensable d’étudier les activités des parasitoïdes exposés à des basses températures, pour démontrer que ceux-ci restent performants au niveau du contrôle des pucerons. Dans le cadre de ce mémoire, nous avons étudié l’espèce Aphidius matricariae, qui est une espèce de parasitoïdes généraliste, pouvant parasiter Dysaphis plantaginea. Nous avons évalué les trois activités essentielles du parasitoïde, à savoir le vol, la marche et l’oviposition à quatre températures : 8°C, 10°C, 15°C et 20°C. Pour l’expérience de vol, nous avons observé si des vols étaient effectués, et nous avons comparé l’activité des mâles à celle des femelles. Concernant l’expérience de marche, nous avons évalué la distance parcourue, la vitesse moyenne, et les temps de mouvement et de repos des femelles. À propos de l’expérience d’oviposition, le taux de parasitisme a été calculé aux quatre températures, et nous avons évalué le taux d’émergence des momies issues de ce parasitisme, le sex-ratio de la descendance, ainsi que la longueur des tibias des femelles. Nos résultats ont montré que les parasitoïdes, mâles et femelles, n’ont pas volé aux deux températures les plus basses, à savoir à 10°C et à 8°C. De plus, les mâles ont eu tendance à voler deux fois plus que les femelles à 15°C et à 20°C. Pour la marche, une activité a été possible à 10°C et à 8°C (± 224 cm parcourus avec une vitesse moyenne de ± 1.28 mm/s). Néanmoins, cette activité a été nettement plus faible qu’à 20°C (1061 cm parcourus avec une vitesse moyenne de 5.95 mm/s). À 15°C, les résultats ont été d’une valeur intermédiaire entre ceux obtenus à 20°C, et ceux obtenus à 10°C et 8°C. D’après les résultats issus de l’expérience sur l’oviposition, à 20°C et à 15°C les femelles ont parasité en moyenne 76% des pucerons. À 10°C, ce taux de parasitisme n’était plus que de 56%, et il a de nouveau baissé de façon impressionnante à 8°C pour ne faire plus que 30%. En revanche, le taux d’émergence des parasitoïdes était en moyenne de 94.76% pour les quatre températures de ponte. Cependant, le sex-ratio est passé de 25% à la température de ponte de 20°C, à des valeurs de 56% et de 58% respectivement aux températures de ponte de 10°C et 8°C. Pour la longueur des tibias des descendantes, il s’est avéré qu’elle était quasiment la même pour 20°C, 15°C et 10°C (± 0.511 mm), mais qu’elle était légèrement plus grande pour 8°C (0.549 mm). Le recours à cette espèce dans le cadre de lâchers précoces lors des mois de mars et d’avril est donc à discuter. En effet, le fait que cette espèce ne vole pas aux basses températures peut représenter un frein à son utilisation, malgré le fait qu’elle possède des performances acceptables au niveau des activités de marche et d’oviposition. Néanmoins, cette expérience étant réalisée dans un laboratoire et non dans le verger, on peut supposer que les résultats pourront être différents sur le terrain car beaucoup d’autres paramètres peuvent influencer la capacité de vol des parasitoïdes. Réaliser un élevage de ces insectes à basse température pourrait également nous permettre de sélectionner des individus mieux adaptés à des températures plus faibles.


Référence bibliographique |
Vriamont, Anaëlle. Etude de l’impact des basses températures sur les activités du parasitoïde Aphidius matricariae dans le cadre d’une lutte biologique contre le puceron cendré du pommier (Dysaphis plantaginea). Faculté des bioingénieurs, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : Hance, Thierry ; Albittar, Loulou. |
Permalien |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:25185 |