Flipo, Agathe
[UCL]
Vandernoot, Cécile
[UCL]
Chanvillard, Cécile
[UCL]
Fontaine, Christine
[UCL]
La ville est le lieu privilégié de la coexistence. Elle est le lieu des rassemblements, des rencontres, des échanges anodins. Elle est le lieu de l’expression citadine, traduite en actes dans les pratiques de l’espace public. La ville doit être pensée pour les piétons, car c’est la marche qui offre l’occasion d’être ensemble. La ville, à travers sa spatialité, agit sur les perceptions des usagers, influençant ainsi leurs comportements et leurs pratiques dans l’espace public. Une fois encore, la marche a un rôle prépondérant, car c’est par elle que se lient les habitants à leur quartier. Un aménagement urbain est réussi lorsque ses habitants s’en emparent et détournent les usages qui y étaient prévus. La ville est enfin le lieu des diversités. Des diversités sociales bien sûr, mais aussi des diversités formelles et fonctionnelles. Pour Jane Jacobs, « plus une ville réussit à mêler une diversité d’usages et d’usagers quotidiens dans ses rues, plus ses habitants fréquentent et animent tout naturellement ses espaces publics (...) ; ceux-ci sont alors une source de plaisir et d’agrément pour leur environnement, et non des espaces vides. » Bruxelles aurait pu être l’exemple parfait de cette « ville habitable ». Sa typo-morphologie en îlots denses et à échelle humaine affirme et porte cette sociabilité si vivifiante. Mais c’était sans compter son urbanisme moderniste dévastateur. Les ambitions démesurées des décideurs de l’époque ont défiguré le cœur de la ville. La Jonction Nord-Midi fera table-rase d’îlots entiers, et poussera des milliers d’habitants à déménager entraînant avec eux la vie sociale du quartier. Les choix architecturaux et urbanistiques mis en œuvre dans les années 1960 achèveront de faire mourir la vie urbaine de cette partie du Pentagone. La surface de la Jonction sera très rapidement engloutie par les buildings qui barreront les vues depuis les hauteurs de Bruxelles sur le centre historique. La ville donnera même son nom à ce nouveau style urbanistique : « bruxellisation ». Aucun habitant ne sera prévu dans ce nouveau quartier dominé par la voiture. La Jonction Nord-Midi est aujourd’hui une plaie béante dans le cœur de Bruxelles, désert urbain accentuant encore la séparation entre le haut et le bas de la ville. Il est temps de restituer cette zone de « non-ville » à ses usagers, habitants, employés de bureaux, touristes, comme flâneurs.


Référence bibliographique |
Flipo, Agathe. Habiter la jonction Nord-Midi : requalification d'une zone de « non-ville » stigmatisée. Faculté d'architecture, ingénierie architecturale, urbanisme, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : Chanvillard, Cécile. |
Permalien |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:24890 |