Les classifications instrumentales et la connaissance musicologique : épistémologie des classifications, socio-histoire de la classification Hornbostel-Sachs et exploitation de bases de données instrumentales

Le processus de création des catégories mentales abstraites implique l’élaboration, par comparaison des entités perçues, d’un prototype, élément idéal d'un classe à partir duquel chaque stimulus sera évalué et classé. Les comparaisons effectuées entre les éléments perçus et le prototype s’apparentent au procédé de la métaphore. Mais, si les classifications instrumentales fonctionnent sur la base de ce processus naturel, elles n’en restent pas moins culturellement situées. Ainsi, la classification instrumentale de Hornbostel et Sachs, aujourd’hui dominante en musicologie, reflète son histoire et les positions épistémologiques de ses concepteurs. Outre cela, elle reste largement insuffisante pour les ethnomusicologues car elle ne permet pas d’intégrer des données culturelles sur les instruments de musique. Après une remise en perspective des questions soulevées par la classification Hornbostel-Sachs, ce travail montre, par un exemple pratique relatif à la distribution géographique et diachronique des instruments à anche double isolés, comment incorporer l’ensemble des acquis de l’organologie classificatoire et les observations de l’organologie analytique afin de dépasser, à l’aide de l’informatique, les écueils évoqués.