Dekkers, Edouard
[UCL]
Persu, Alexandre
[UCL]
La Dysplasie Fibromusculaire (DFM) est une artériopathie non-athérosclérotique et non-inflammatoire qui atteint surtout les femmes, et provoque des sténoses, anévrismes, dissections ou tortuosités artérielles. On la subdivise en DFM focale (sténose unique) ou multifocale (“colliers de perles”). Sa prévalence est estimée à 4-5% des femmes. Souvent asymptomatique, elle peut entrainer céphalées et hypertension, mais aussi infarctus du myocarde, AVC, et hémorragies intracrâniennes. Elle touche surtout les artères rénales et cervicales (carotides et vertébrales). Sa physiopathologie reste méconnue. Son traitement, avant tout symptomatique, peut nécessiter une angioplastie transluminale. Elle semble associée aux Dissections Spontanées des Artères Coronaires (SCAD), qui provoquent des infarctus, principalement chez la femme jeune. Suite à la publication de plusieurs registres de patients DFM, et aux progrès de la recherche, un consensus international est publié début 2019. En conséquence, d’autre pays, dont la Belgique, décident d’analyser les données de leurs propres cohortes de patients, ici BEL-FMD, pour comprendre davantage la DFM. La cohorte BEL-FMD a été analysée en suivant les mêmes critères que les principales autres études (registres américain et européen). Elle comporte 243 patients, 198 avec une DFM, et 45 avec un SCAD. Ceux-ci proviennent de 8 centres hospitaliers universitaires belges ; ce mémoire en propose une étude transversale. Les analyses ont été classées en 8 groupes, 2 pour l’analyse globale des patients avec DFM et SCAD, et 6 qui comparent différents sous-groupes de patients. Tous les résultats ont été obtenus via les logiciels R et Excel. Citons 3 résultats frappants : On trouve 6 fois plus de dissections extra-coronaires chez les hommes (18,52%) que les femmes (2,9%) (p=0,05), mais rien de tel pour les SCAD. Ces deux processus auraient-ils une base physiopathologique différente ? Aussi les patients avec un ou plusieurs anévrisme(s) développent plus fréquemment une atteinte multifocale (93,7% vs 81,5%, p=0,03), et multi-vaisseaux (49,2% vs 31,1% (p=0,01)) que les autres, et le lien apparaît à chaque fois entre ces trois paramètres. Un facteur biologique, tel que la lysophosphatidylcholine, pourrait-il expliquer cette association, et être à l’origine d’une version plus “étendue” ? Enfin, un résultat retrouvé dans la littérature : la DFM focale est découverte plus tôt (40,9 ± 12,5 ans vs 56,6 ± 12,6 (p <0,001)), et est associée à plus d’hypertension que la multifocale (72,4 % vs 38,5 % (p <0,001)). La physiopathologie de ces deux formes est-elle la même ? Dans l’ensemble, la majorité de nos résultats confirment ceux du consensus, notamment pour les formes focales / multifocales, le lien entre hommes et dissections… En outre, ce mémoire ouvre de nombreuses pistes de recherche, et rappelle l’importance du dépistage ciblé de la DFM, notamment chez la population jeune et hypertendue.


Référence bibliographique |
Dekkers, Edouard. La Dysplasie Fibromusculaire : Analyse des Caractéristiques des Patients atteints de Dysplasie Fibromusculaire inclus dans la cohorte BEL-FMD. Faculté de médecine et médecine dentaire, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : Persu, Alexandre. |
Permalien |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:23290 |