Samson, Morgane
[UCL]
Vannuscorps, Gilles
[UCL]
Van Thorre, Amélie
[UCL]
L’idée que le locuteur s’appuie sur son feedback auditif pour contrôler sa parole est largement développée. Ces dernières années, de nombreuses études ont mis également en évidence l’importance du feedback somatosensoriel dans le contrôle moteur de la parole (Abbs & Graco, 1984 ; Lindblom, Lubker & Gay, 1979 ; Loucks & De Nil, 2006a ; Takayuki, 2015). Il a été établi aujourd’hui que ces deux feedbacks (auditif et somatosensoriel) sont nécessaires à la production de la parole. Parfois, il semble que le feedback somatosensoriel vienne seconder le feedback auditif lorsque notre parole est plus fluide et que nos programmes moteurs articulatoires sont bien ancrés. Nous avons donc décidé d’étudier l’importance de ce feedback somatosensoriel dans la production de la parole en cherchant un lien entre les compétences sensorimotrices et l’intelligibilité de la parole. Pour ce faire, nous avons testé la perception tactile et la proprioception (les deux composantes du feedback somatosensoriel) de 15 sujets. Puis, dans un second temps, nous avons demandé aux participants de réaliser une épreuve verbale où ils devaient articuler des syllabes en condition normale puis en étant privés de leur feedback auditif. Nous cherchions à vérifier si les participants qui avaient les meilleures compétences somatosensorielles étaient ceux qui seraient moins perturbés par la privation du feedback auditif puisqu’ils pourraient s’appuyer sur leur feedback somatosensoriel. Nous avons alors analysé les différences obtenues sur les formants des voyelles /a/, /i/ et /u/ entre les deux conditions (avec et sans privation du feedback auditif) et nous avons réalisé des corrélations avec les épreuves de somatosensation. Nos résultats ne nous ont pas permis de mettre en évidence une telle relation. En effet, nous avons obtenu un certain nombre de corrélations négatives qui viennent affirmer l’inverse de ce que nous pensions. Ces résultats laissent penser que ce n’est pas forcément une évidence que les personnes ayant de bonnes capacités somatosensorielles soient les plus aptes à s’adapter lorsqu’elles sont privées de leur feedback auditif. Ces résultats nous ont donc amenés à réfléchir à l’hypothèse d’une préférence de modalité sensorielle émise par Lametti, Nasir & Ostry (2006) qu’il nous paraitrait intéressant d’approfondir.


Référence bibliographique |
Samson, Morgane. Le rôle de la somatosensation dans le contrôle moteur de la parole chez les adultes tout-venant. Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, Université catholique de Louvain, 2019. Prom. : Vannuscorps, Gilles ; Van Thorre, Amélie. |
Permalien |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:22017 |