Les obstacles de la méthode IOD dans les Missions Régionales pour l'Emploi de Wallonie : étude au prisme d'un référentiel dominant et de la traduction d'un réseau

Dans un contexte où l’insertion professionnelle actuelle fait l’objet de remises en question dans le monde académique, des méthodologies alternatives voient le jour. C’est le cas de la méthode d’Intervention sur l’Offre et la Demande (IOD), qui, par ses préceptes, s’impose à contre courant des pratiques de jobcoaching. Si cette méthode d’origine française parvient à se développer dans onze départements, en Belgique elle semble se déployer avec difficulté. Mais si cette innovation porte l’ambition de répondre à des critiques émises à l’égard de ce qui lui préexiste, pourquoi la voit-on stagner dans son expansion au sein des Missions Régionales pour l’Emploi de Wallonie ? Cette enquête tente de répondre à cette énigme en mobilisant non seulement des concepts néo-institutionnalistes, axant l’analyse sur le poids des référentiels dominants et de l’injonction à la conformité ; mais aussi de la sociologie de la traduction, plus proche des réseaux d’acteurs et de leur capacité collective de changement institutionnel. Dans une perspective épistémologique qui tient à rendre compte de la complémentarité entre les deux courants sociologiques cités, et grâce à la sollicitation d’une diversité d’acteurs concernés, l’enquête met tout d’abord en évidence cinq arguments qui assoient l’importance des pratiques traditionnelles et rendent illégitime l’adoption de la méthode IOD. Ses quelques adeptes privilégient alors un « bricolage » entre pratiques classiques et alternatives, plutôt qu’une application stricte d’une méthode rendue marginale. Ensuite, une analyse du processus de diffusion lors de son introduction en Wallonie est également proposée, montrant alors l’importance d’une traduction réussie et de la construction continuelle d’un réseau d’acteurs dans l’instauration d’une innovation sociale