Impact des émotions sur le fonctionnement attentionnel chez l'enfant TDA/H

Introduction. Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est un trouble complexe qui se manifeste par des difficultés attentionnelles, émotionnelles et sociales. Les études s’étant intéressées au fonctionnement attentionnel dans le TDA/H ont souvent négligé l’influence de l’émotion. Or il existe une interaction importante entre celle-ci et l’attention (Yiend, 2010). Considérer le versant cognitif et émotionnel du TDA/H de manière intégrative permettrait de mieux comprendre son fonctionnement sur le plan attentionnel, émotionnel et social. Objectifs. L’étude présente deux objectifs. Le premier consiste en l’évaluation des processus attentionnels chez l’enfant TDA/H ainsi que de l’influence potentielle d’une charge émotionnelle sur ceux-ci. Le deuxième objectif vise à évaluer la reconnaissance d’expressions faciales émotionnelles chez l’enfant TDA/H. Méthode. Quinze enfants TDA/H âgés de 7 à 12 ans ont été appariés en âge et en genre à quinze enfants contrôles. Deux tâches informatiques leurs ont été administrées. La première consiste en l’outil d’Evaluation des Processus Attentionnels en contexte Neutre et Emotionnel (EPANE). Il comprend trois tâches: une tâche Flanker (évalue l’attention sélective visuelle), une tâche d’indiçage spatial (évalue l’attention visuo-spatiale) et une tâche Simon (mesure l’inhibition). La deuxième tâche est une tâche de reconnaissance d’expressions faciales émotionnelles évaluant la reconnaissance d’émotions représentées à 30% et 70% d’intensité. Résultats. En contexte neutre, les enfants TDA/H présentent une difficulté au sein des trois fonctions mesurées. En contexte émotionnel, les enfants TDA/H ne semblent pas être davantage altérés en présence d’une charge émotionnelle. Notons que l’anxiété semble améliorer les performances des enfants TDA/H dans la tâche d’attention sélective visuelle en version neutre. En ce qui concerne la reconnaissance d’expressions émotionnelles, les enfants TDA/H reconnaissent moins bien les émotions que les enfants contrôles lorsque celles-ci sont représentées à 70% d’intensité. Conclusion. Les enfants TDA/H ne semblent pas être davantage perturbés par une charge émotionnelle. Néanmoins, il serait intéressant dans une recherche future de reproduire l’étude avec des images émotionnelles. D’autre part, l’effet positif de l’anxiété sur l’attention sélective visuelle chez l’enfant TDA/H, souligne l’importance de prendre en compte l’anxiété dans les études futures s’intéressant à l’évaluation de cette fonction dans le TDA/H.