Exposition à l’idéal de minceur et augmentation automatique de l’accessibilité aux pensées liées au suicide

Les chercheurs n’évoluent pas dans la prédiction et la prévention du suicide (Wenzel & Beck, 2008). Une alternative viable aux études corrélationnelles a été trouvée : l’utilisation de mesures implicites permettant de mesurer la force d’associations entre le soi et le concept du suicide. Une recherche récente ayant utilisé ce type de mesures a pu montrer que l’exposition à l’idéal de minceur augmente l’accessibilité des pensées liées au suicide chez les femmes insatisfaites de leur corps. Cette recherche est la première à établir un lien causal direct entre l’exposition médiatique et l’accessibilité aux pensées suicidaires (Chatard & Selimbegovic, 2011). En se basant sur l’Escape Theory (Baumeister, 1990) et la Goal-Systems Theory (Kruglanski et al., 2002), les auteurs suggèrent qu’une augmentation immédiate et momentanée de l’accessibilité aux pensées suicidaires est une réaction cognitive reflétant l’activation du moyen d’évasion le plus efficace quand les individus réalisent qu’ils ont failli à atteindre un important standard et sont motivés à échapper au soi. Deux niveaux de traitement caractéristiques des processus attentionnels sont distingués dans la littérature : les traitements automatiques et contrôlés (Schneider & Shiffrin, 1997 ; Shiffrin & Schneider, 1977). Des critères précis ont été établis pour différencier ces deux types de traitements : la conscience, l’efficience, l’intention et la contrôlabilité (Bargh, 1994). À la suite de leur série d’études, Chatard et Selimbegovic (2011) ont émis l’hypothèse selon laquelle l’activation du concept de suicide après la confrontation à une importante différence entre le soi et les standards est automatique. Cependant, cette hypothèse n’a pas encore été vérifiée (Silvia & Phillips, 2013). Nous pensons donc que l’accessibilité aux pensées suicidaires expérimentée après une exposition à l’idéal de minceur se déroule de manière automatique. Ce papier s’inscrit dans le cadre d’un projet dont le but est de tester la nature automatique de cette accessibilité aux pensées liées au suicide. L’étude présentée dans la partie pratique est consacrée au critère de conscience.