Trajectoires d’engagement des acteurs du projet d’ « année citoyenne Solidarcité » - Logiques d’action et cohérence biographique

Ces dernières décennies, la fin du plein emploi, la perte d’influence des grandes instances socialisatrices, les configurations familiales de moins en moins stables et un système scolaire qui semble de moins en moins adapté à répondre aux nouveaux enjeux de société, la transition des jeunes entre leur vie d’adolescent et leur vie d’adulte semble s’allonger, et, pour les plus vulnérables d’entre eux, s’éterniser. Nos voisins européens sont nombreux à avoir reconnu que les jeunes sont en demande d’un temps biographique pour se construire, ce à quoi ils ont répondu par l’institutionnalisation de projets de type « Service citoyen ». En Belgique, des associations se chargent de combler le manque d’offre, de la part de l’Etat, de projets pour ce jeune public. Ce mémoire rend compte d’une recherche sur l’un de ces dispositifs : celui d’« année citoyenne Solidarcité ». Son analyse « de l’intérieur » permet de faire état d’un dispositif hybride, à la croisée de différents champs de l’action publique, qui cherche à façonner des jeunes « CRACS ». Les travailleurs sont multidisciplinaires et s’approprient le projet en tentant de coordonner au mieux leurs logiques d’action pour fournir aux volontaires des ressources pour leur émancipation. Ces derniers, quant à eux, trouvent un sens à leur engagement de par les multiples facettes du projet qui permettent de nourrir leurs différentes attentes, que cela soit en termes d’empowerment et/ou de projets d’avenir. L’analyse de ce dispositif amène à réfléchir, en vue de sa probable institutionnalisation, à un nouveau modèle d’émancipation de la jeunesse.