Jamme, Aline
[UCL]
Watthee-Delmotte, Myriam
[UCL]
Jean Lorrain est confronté à une société régie par l'industrialisation et par un mode de pensée cartésien. Âme décadente de la fin du XIXe siècle, il déplore le désenchantement du monde. Par le biais de la fiction, Lorrain veut recréer un monde qui constituerait une échappatoire à cette société qui, de par son pragmatisme, a engendré une "mort de Dieu" et qui, de par son déterminisme, catégorise l'individu selon sa position dans la hiérarchie sociale. "Princesses d'ivoire et d'ivresse" est une échappatoire particulière en ce qu'elle plonge le lecteur dans le cadre du Merveilleux. En effet, cette oeuvre est un recueil de contes où la magie et l'insolite devraient être libérateurs. Cependant l'univers lorrainien est jonché de paradoxes et ne ramène aucunement le lecteur dans le paradis perdu de l'enfance. Les personnages présentés semblent souffrir du mal de la fin-de-siècle : ils déambulent dans des forêts enchantées et des châteaux somptueux, mais n’y rencontrent jamais l’amour et n’entreprennent aucune quête glorieuse. Les princesses et princes, éblouissants de par leur beauté surnaturelle, sont pourtant cruels, narcissiques, lâches et égoïstes. L'étrangeté est la clé de lecture pour déchiffrer l'oeuvre lorrainienne. D'une part, l'auteur accuse les méfaits d'une société castratrice mais reproduit les mêmes erreurs dans sa fiction. D'autre part, l'auteur procède à la rencontre d'un univers féerique et d'un univers merveilleux fin-de-siècle qui corrode justement le merveilleux traditionnel. C'est à travers une esthétique paradoxale que Lorrain s'inscrit profondément dans le Décadentisme.
Référence bibliographique |
Jamme, Aline. "Princesses d'ivoire et d'ivresse" de Jean Lorrain : une esthétique paradoxale. Faculté de philosophie, arts et lettres, Université catholique de Louvain, 2017. Prom. : Watthee-Delmotte, Myriam. |
Permalien |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:10144 |