Les stratégies de coping religieux liées à la dépression et à la rumination chez les adolescents

Plusieurs chercheurs se sont intéressés aux implications de la religiosité sur l’humeur chez les adolescents (Benson et al., 2004; Milevsky & Levitt, 2004; Wright, Frost, & Wisecarver, 1993). Selon ces chercheurs, les adolescents utilisent des différentes formes de stratégies d’adaptation religieuse (coping positif et négatif) face à des situations difficiles ou de valence émotionnelle négative de la vie quotidienne. Ces stratégies de coping religieux, leurs associations avec la dépression et la rumination seront étudiées dans la présente étude. La présente étude se divise donc en deux parties principales, la première partie a comme objectif d’investiguer l’association entre les stratégies de coping religieux et le niveau de développement de la dépression chez des adolescents. Nous proposons que le coping religieux positif soit associé négativement avec la présence des symptômes dépressifs que les stratégies de coping religieux positif soient associées à un faible nombre de symptômes dépressifs chez les adolescents (filles et garçons). De plus, nous proposons que le coping religieux négatif soit associé positivement au développement des symptômes dépressifs et il est prévu que l’utilisation des formes de stratégies de coping religieux négatif aura des niveaux de dépression plus élevées chez les adolescents (filles et garçons). La deuxième partie a comme objectif d’investiguer l’association existante entre les stratégies de coping religieux et les deux formes de ruminations chez des adolescents, plus précisément la rumination abstraite et la rumination concrète. Nos hypothèses de départ étaient que la forme de rumination abstraite sera associée négativement à la stratégie de coping religieux positif et positivement à la stratégie de coping religieux négatif. La forme de rumination concrète, quant à elle, sera associée positivement à la stratégie de coping religieux positif et négativement à la stratégie de coping religieux négatif chez les adolescents. Le nombre des participants de cette étude est 120 adolescents francophones âgés entre 12-15 ans de la région Brabant-Wallon de Belgique. L’outil de mesure était la distribution aléatoire d’un questionnaire comprenant l’Inventaire de la dépression chez l’enfant pour la dépression (CDI), qui est une adaptation du Beck Depression Inventory (BDI) (Beck, 1967), le questionnaire Mini-Certs pour la rumination (CERTS; Barnard, Watkins, Mackintosh, & Nimmo-Smith, 2007) qui est adapté en français (Douilliez, Philippot, Heeren, Watkins, Barnard, 2012), et le Brief RCOPE pour les stratégies de coping religieux (Pargament et al., 1998). Les résultats de cette étude montrent dans un premier temps que les filles utilisent davantage les stratégies de coping religieux négatif quand elles se trouvent dans une situation qui pose problème, ce qui entraine un niveau de détresse plus élevée. Ces résultats amènent un support empirique aux stratégies de coping religieux utilisées ainsi qu'aux différences liées au genre dans le développement de la dépression. Dans un deuxième temps, les résultats obtenus pour la deuxième partie de cette étude, à savoir l’association entre les ruminations et les stratégies de coping religieux semblent aller dans la direction opposée de notre hypothèse de départ. Cette deuxième partie ouvre une nouvelle voie de recherche dans le domaine des ruminations, car à notre savoir et jusqu’à la réalisation de ce mémoire il n’existait pas dans la littérature scientifique des études qui ont traité ces associations.