Cleeren, Sébastien
[UCL]
Moons, Claire
[UCL]
Introduction : Avec le vieillissement de la population, la prévalence de la multimorbidité, de la fragilité et de la polymédication augmentent. La polymédication mène à une multitude de conséquences cliniques négatives dont la plus immédiate est dénommée : « problèmes liés aux médicaments ». Les prescriptions potentiellement inappropriées constituent la partie évitable de ces problèmes liés aux médicaments et sur laquelle on pourrait agir. C’est en maison de repos et de soins que l’on retrouve la plus grande prévalence de prescriptions potentiellement inappropriées. En effet, la prescription adéquate est plus compliquée dans cette population à cause de ses caractéristiques particulières. La grande prévalence des prescriptions potentiellement inappropriées et ses lourdes conséquences cliniques et économiques font d’elles un véritable enjeu de santé publique et un défi pour le futur du médecin généraliste. Ce TFE va tenter d’analyser les conséquences économiques directes de la revue médicamenteuse. Méthodologie : Une étude prospective interventionnelle dans deux maisons de repos en Belgique. L’intervention a consisté en des modifications dans le traitement chronique de personnes âgées en MRS par leurs médecins traitants suite aux recommandations émises par les pharmaciens hospitaliers via une révision médicamenteuse. Par la suite, les conséquences économiques de ces changements ont été calculées. Résultats : Une revue de la littérature sur la révision médicamenteuse a montré qu’elle est efficace pour réduire les prescriptions inappropriées aussi bien en milieu hospitalier qu’en ambulatoire. Elle a donc un impact humain et clinique positif pour le patient. Cette étude a montré que seul 14,5% (13/90) des médecins traitants des deux maisons de repos ont souhaité qu’au moins un de leurs patients participe à l’étude. Aucun des 32 patients inclus par leurs médecins traitant au départ de l’étude n’a refusé de participer. Sur 19 patients ayant été jusqu’au bout de l’étude, une économie moyenne de 79,6 euros par patient par an a été observée, dont 29,6% ont profité à la sécurité sociale et 70,4% a été épargnée par le patient. Sur les 19 patients, 74 (3,9/patient) recommandations d’adaptation du traitement ont été proposées dont 46 (62%) ont été acceptées et implémentées par les MT alors que 28 (37%) n’ont pas été acceptées. Conclusion: Plusieurs raisons semblent être à la base du nombre important de prescriptions inappropriées chez la personne âgée en MRS. D’une part, le manque de formation en pharmacologie gériatrique des médecins généraliste semble avoir pour effet de sous-estimer l’importance de la prévalence des prescriptions inappropriées et de leurs conséquences clinique et économiques négatives pour le patient. D’autre part, la revue médicamenteuse étant chronophage et non rémunérée en Belgique, elle ne semble pas être une priorité malgré qu’elle soit largement recommandée. Les pharmaciens formés en soins pharmaceutiques semblent être une solution pratique et très prometteuse. Des études de faisabilité en Belgique ont menées à des recommandations d’implémentation sur le terrain. Néanmoins, la revue médicamenteuse ne se fait toujours pas en pratique en Belgique. C’est maintenant au tour de l’INAMI et de la médecine générale de se montrer prêtes à relever le défi.


Bibliographic reference |
Cleeren, Sébastien. La revue médicamenteuse du traitement médicamenteux chronique des patients âgés en maison de repos et de soins permet-elle des économies budgétaires en plus d'un impact clinique positif ?. Faculté de médecine et médecine dentaire, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : Moons, Claire. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:39481 |