Delespaux, Anne-Sophie
[UCL]
Heureux, Philippe
[UCL]
Le symptôme médicalement inexpliqué ou fonctionnel (SMI), défini comme un symptôme sans lésion organique et sans explication physiopathologique sous-jacente, représente plus de 40% des consultations en médecine générale. Paradoxalement, il est très peu abordé durant notre cursus universitaire, et le médecin en formation est souvent peu préparé à la gestion de ces situations d’incertitude, fondamentalement anxiogènes. En effet, à rebours de la pensée rationnelle et de la causalité linéaire propres au domaine scientifique, le symptôme médicalement inexpliqué s’inscrit dans une causalité circulaire et un paysage diagnostique hétéroclite. La grande prévalence de ces plaintes complexes sur le terrain, associée au manque de préparation du jeune médecin, peuvent susciter de nombreux écueils évitables en termes de prise en charge : anxiété, multiplication d’examens complémentaires générateurs d’incidentalomes, nomadisme médical, chronicisation des plaintes, rupture du lien thérapeutique... ayant un coût humain, médical et sociétal important. Dans ce travail de fin d’études réalisé sous forme d’une analyse réflexive étayée, nous postulons que le symptôme médicalement inexpliqué devrait faire l’objet d’une formation spécifique afin de sensibiliser le jeune médecin généraliste aux réalités du terrain et de lui proposer un plan thérapeutique mieux défini. D’un point de vue épistémologique, le concept du "symptôme sans lésion" devrait y occuper une place à la hauteur de sa fréquence en pratique clinique, plutôt que d’être abordé comme une problématique marginale et accessoire. Certains aspects de la prise en charge mériteraient par ailleurs un accent particulier, tels que le rôle crucial des compétences de communication médecin-patient, de la relation thérapeutique en tant qu’outil de soins à part entière et de la collaboration multidisciplinaire ; la présentation des recommandations de prise en charge actuelles ; et l’introduction aux thérapies cognitivo-comportementales, aux techniques de réadaptation et aux traitements médicamenteux adaptés aux symptômes médicalement inexpliqués. Cette sensibilisation aux enjeux spécifiques du symptôme médicalement inexpliqué permettrait ainsi d’en améliorer la prise en charge, et de promouvoir les objectifs fondamentaux de la prévention quaternaire en médecine générale. L’une des missions principales de notre profession étant bien de soulager nos patients et leur souffrance, tout en les protégeant d’investigations et traitements potentiellement nuisibles.


Bibliographic reference |
Delespaux, Anne-Sophie. Prise en charge du symptôme médicalement inexpliqué en médecine générale : pour une meilleure gestion de l’incertitude chez le jeune médecin. Faculté de médecine et médecine dentaire, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : Heureux, Philippe. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:39157 |