Chaumont, Antoine
[UCL]
de Rouffignac, Ségolène
[UCL]
Introduction : Malgré la prévalence des violences conjugales (VC) en Belgique, rares sont les études qui s’intéressent au rôle de la médecine générale dans la prise en charge des auteurs de VC. Question de recherche : Quelle est l’expérience des médecins généralistes belges dans la prise en charge des hommes auteurs de violences conjugales ? Méthode : Une étude qualitative a permis d’explorer l’expérience des médecins généralistes belges dans la prise en charge des hommes auteurs de VC. C’est à travers un échantillonnage par effet « boule de neige » et des entretiens individuels semi-dirigés que nous avons pu sonder l’expérience de cinq médecins généralistes. Cette étude ne visait pas la représentativité et l’exhaustivité mais avait une vocation exploratoire. L’hétérogénéité recherchée des profils en termes de genre, d’âge, d’années d’expérience, de type et de lieu de pratique a permis d’obtenir un échantillon riche et divers. Balisés par un guide d’entretien et ensuite strictement retranscrits, ces cinq entretiens ont fait l’objet d’une analyse par théorisation ancrée. Résultats : Trois thèmes principaux relatifs à l’expérience des médecins ont été identifiés : [1] Par quels moyens les médecins identifient-ils ou elles les auteurs de VC et comment leur donner une place en tant que patients ? L’identification se fait majoritairement via la victime. Il y a peu d’autoincrimination des auteurs de VC. Il s’agit d’une vision « victim-centred ». L’importance du lien thérapeutique dans la relation avec l’auteur de VC est mise en avant. [2] Le deuxième thème met en lumière un tabou généralisé des répondant.e.s par rapport aux auteurs de VC, impactant leur prise en charge. Il propose la communication et la verbalisation afin d’inscrire [3] la médecine générale dans un système réseau centré sur l’auteur de VC. Ce système est nécessaire à un accompagnement et une prise en charge multidisciplinaire adéquate des auteurs de VC. Conclusion : Il existe un tabou systémique généralisé autour des auteurs de VC. La médecine générale participe à ce tabou. Il y a une déresponsabilisation de celle-ci qui amène à un manque de prise en charge des auteurs de VC. Les médecins interrogé.e.s ne se sentent pas légitimes quant à leur formation par rapport à une telle prise en charge. Un système réseau est indispensable pour une prise en charge adaptée des auteurs de VC. D’autres études sont nécessaires pour évaluer le rôle de la première ligne en vue de la prévention de l’utilisation de la violence conjugale.


Bibliographic reference |
Chaumont, Antoine. Hommes auteurs de violences conjugales : étude qualitative sur l'expérience des médecins généralistes belges dans leur prise en charge. Faculté de médecine et médecine dentaire, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : de Rouffignac, Ségolène. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:39147 |