Représentations et modifications corporelles pendant la grossesse. Vécu des femmes enceintes lors du suivi gynéco-obstétrical

Ce travail a pour objet de mettre en lumière les récits les plus majoritaires sur le vécu de la grossesse et de s’intéresser en particulier à leur vécu lors du suivi gynéco-obstétrical. Soumise à de nombreuses normes et injonctions, l’expérience de la grossesse reste éminemment corporelle et propre à chaque personne. Le corps enceint vit de nombreuses modifications corporelles, oscillant entre corps-objet et corps-sujet. La médicalisation du suivi de grossesse et de l’accouchement s’il est rassurant et nécessaire peut entrainer une pathologisation voire une dépossession des personnes enceintes de leur propre corps, en particulier lors de maltraitances et violences gynéco-obstétricales. A l’inverse, le développement de la vie intra utérine perçue à travers les modifications corporelles et les mouvements fœtaux renvoie à une subjectivation des personnes enceintes par la prise de conscience de leur corps qui réalise alors quelque chose. Dans une approche philosophique féministe et phénoménologique, il semble nécessaire de donner de la valeur au vécu des corps enceints et de prendre en compte leur réalité en y intégrant les vécus des personnes trans et non binaires. Une réappropriation des savoirs ainsi qu’une déconstruction des savoirs médicaux encore hétéronormés et sexistes est nécessaire pour permettre une réappropriation corporelle des femmes et personnes enceintes en vue d’une libération.