L'univocité de l'histoire : contribution à l'étude de l'opération historiographique

L'auteur se confronte dans ce travail à la question de savoir s'il est encore possible d'admettre une certaine vérité de l'histoire. Pour répondre aux attaques d'Hayden White, il propose, après une lecture détaillée de ses positions, de partir du grand impensé de la théorie du critique américain pour mieux dégager l'espace où la discipline historique constitue l'univocité de ses concepts et, ce faisant, la véracité de son dire. Comme cet impensé touche à la nature des données insérées dans un récit historique, l'auteur se tourne d'abord vers Gérard Genette et Dorrit Cohn, deux narratologues qui ont pensé le récit factuel pour lui-même, pour déterminer si leur conception de ce récit parvient à mieux cerner ces données et leur rôle dans la véracité des textes historiques. Devant les fuites de ces auteurs et les limites de la théorie de l'enquête proposée par Carlo Ginzburg, il revient finalement vers deux historiens-théoriciens allemands, Jörn Rüsen et Lucian Hölscher. Le premier lui offre une théorie dynamique de la méthode historique, mais qui ramène la possibilité du dire en histoire au travail de théorisation préalable à tout dire en général ; le second lui ouvre la voie d'une réflexion sur un possible retour à l'annalistique, une méthode destinée, par sa capacité à fonder l'unité de l'histoire, à éviter que le dire historique ne s'enlise dans un inarrêtable éparpillement. C'est dans cette méthode annalistique réinterprétée à l'aide des éléments tirés des lectures historiques (Le Goff, Mellet, Furet) et narratologiques précédentes que l'auteur trouve les prémices d'une dialectique de l'historiographie, où se répondent en permanence l'enquête empirique, qui limite sous la forme d'interdits le champ du dire, et le travail conceptuel et théorique, qui tire des données leur plein potentiel dans un jeu d'obéissance fine aux règles promugluées par l'enquête. Des pistes sont alors ouvertes, sur la base de cette dialectique, pour penser une possible scientificité de l'histoire.