Violences sexuelles comme arme de guerre : analyse du viol comme méthode systématique au service de stratégies militaires et politiques : Cas de l’Ethiopie et de la RDC

Le viol et les violences sexuelles appréhendés comme méthode de guerre, ont retenu l’attention de moult champs d’études. Cette problématique qui s’intègre aussi bien dans des perspectives d’analyse historique, juridique, anthropologique, que des sciences de la communication et des études sociologiques, est aussi de plus en plus analysée dans une perspective géographique. Elle a donc une dimension plurielle, qui requiert pour une meilleure compréhension du phénomène, de l’aborder dans une perspective pluridisciplinaire, ce que se propose de faire ce mémoire qui entend apporter sa contribution à l’analyse des implications de ce fait social au sein des territoires au sein desquels il est mis en œuvre. L’angle abordé pour traiter de cette question des viols comme instruments au service d’objectifs politiques des belligérants à l’Est du Congo et au Tigré est social, politique et spatial, bien que se transcrive en filigrane des références au droit international humanitaire. Le travail ainsi réalisé s'appuie sur une démarche essentiellement qualitative, ancrée sur une recherche documentaire qui s’attache à traiter les conséquences de l’utilisation systématique, généralisée et intentionnelle des viols au sein des territoires du quotidien. Notre analyse se focalise toutefois sur les incidences socio-spatiales de ce phénomène qui contribue à la modification des manières d’habiter les territoires ainsi qu’à la modification du peuplement. Le viol comme tactique de guerre invite donc à s’intéresser aux implications qui découlent sur la transformation des territoires de vie, à travers la construction d’une « géographie de la peur » et d’un « vivre séparé », qui reconfigure le visage des espaces et les manières d’y vivre. Cette dynamique transformatrice intrinsèquement liée à la mobilisation des viols comme stratégie, fait ainsi du contrôle des territoires du quotidien un enjeu des violences pour les acteurs de la commission.