Étude rétrospective des facteurs prédictifs et des syndromes gériatriques associés aux décès précoces des personnes âgées récemment diagnostiqués d’un cancer suivi aux Cliniques universitaires Saint-Luc : Comment optimiser un suivi onco-gériatrique auprès des patients âgés ?

Contenu : Une part des patients onco-gériatriques décède dans les mois qui suivent l’initiation du suivi médical du cancer. Identifier ces patients de façon anticipée résulterait en une mise en place de démarches palliatives précoces qui apporteraient un confort et une qualité de fin de vie. L’objectif principal de ce travail était d’identifier les facteurs prédictifs et syndromes gériatriques associés aux décès précoces des patients onco-gériatriques suivis aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Méthodes : Il s’agit d’une étude rétrospective, monocentrique. L’étude ciblait les patients de 70 ans et plus, récemment diagnostiqués d’un cancer. Les patients inclus avaient un score G8 ≤ 14, qui donnait suite à une évaluation gériatrique approfondie. Des données sociodémographiques, oncologiques étaient collectées et différentes échelles réalisées (MNA-SF, MMSE, ADL, IADL, etc.). Le statut vital a été évalué au follow-up de 3 mois. Résultats : Au total, 348 patients ont été inclus dans l’étude, 54% de femmes. L’âge moyen était de 81,8 (± 5,86) ans. 32,5% des patients vivaient seuls à domicile et 15,5% bénéficiaient de soins infirmiers à domicile. Dans la majorité des cas (81%), il s’agissait d’un nouveau diagnostic. Le traitement le plus souvent proposé était la chirurgie. Le taux de décès était de 10,06% à 3 mois (n= 35). Les analyses univariées ont montré que les patients qui décèdent précocement sont significativement plus dépendants pour la réalisation des activités instrumentales de la vie journalière (IADL : 5,2 ± 2,52 (0-8) vs 3,9 ± 2,51 (0-8) ; p= 0,005) et de base (ADL : 8 ± 2,82 (6-20) vs 9,9 ± 4,26 (6-23) ; p= 0,002). Ils ont significativement déjà plus souvent une aide infirmière à domicile au moment du diagnostic, ou plus souvent des aidants proches. L’ECOG est significativement plus élevé, témoignant du déclin fonctionnel, la fatigue est plus souvent présente, la prise en charge chirurgicale est moins souvent retenue chez les patients qui décèdent. Les patients qui décèdent ont une perception significativement plus mauvaise de leur qualité de vie. Les facteurs prédictifs de décès précoce en analyse multivariée étaient le recours aux soins infirmiers à domicile et une mauvaise qualité de vie. CCL : Cette étude confirme qu’il existe des facteurs prédictifs d’un mauvais pronostic, déjà présents à l’admission. Elle invite à s’intéresser davantage aux besoins d’aide et à la qualité de vie des patients, en particulier de ceux qui présentent déjà un déclin fonctionnel et un besoin d’aide accru pour les AVJ, afin d’initier la réflexion et démarche palliative.