Les discriminations involontaires envers les patients migrants : le rôle des médecins généralistes dans la relation thérapeutique, le diagnostic et le suivi des troubles de santé mentale

Introduction - La littérature met en évidence deux constats alarmants : la mauvaise santé mentale des migrants et la sous-utilisation des services de santé mentale par ces derniers. Cela s’explique en partie par les nombreuses discriminations qu’ils subissent. Étant donné que les médecins généralistes sont un pilier indispensable à l’accès et à la qualité des soins particulièrement pour cette population spécifique, ce mémoire va s’intéresser à leur point de vue concernant la problématique. Il aura pour objectif : dans un premier temps, de mettre en lumière la manière dont les médecins généralistes expliquent les différences dans la prise en charge des patients migrants souffrant de troubles de santé mentale ; dans un deuxième temps, d’analyser l’utilisation et la recommandation des soins culturellement compétents pour réduire les discriminations. Méthode - Une étude qualitative est réalisée pour analyser en profondeur la perception des médecins généralistes sur les différences de prise en charge. Elle repose sur des entretiens semi-directifs d’1h-1h15 de médecins généralistes recrutés via le projet REMEDI. Les données enregistrées et retranscrites sont ensuite analysées de manière inductive. Résultats - Les médecins généralistes expliquent les disparités dans la prise en charge par une série d’obstacles structurels, interpersonnels et individuels. En parallèle à ces obstacles, ils mettent l’accent sur cinq points principaux pour réduire la discrimination : réduire la surcharge de travail des médecins généralistes, remédier à l’indisponibilité des services de santé mentale, surmonter les barrières linguistiques, comprendre les différences culturelles, et augmenter la littératie en santé des patients. Discussion - Notre étude a révélé les obstacles qui empêchent de fournir des soins appropriés aux patients migrants selon les médecins généralistes. Les difficultés linguistiques et culturelles restent, tout comme dans la littérature, les barrières les plus discutées. Par ailleurs, notre étude révèle également le communautarisme comme barrière. Pour surmonter ces obstacles, les médecins généralistes ont recours à des soins culturellement compétents. Néanmoins un point crucial des compétences culturelles, la conscience de ses propres préjugés, leur fait défaut. En outre, les recommandations qu’ils formulent sont en grande partie à destination des politiques et n’impliquent pas un changement dans leur comportement personnel.