Quel est l'usage de la voix chez les professeurs de formation musicale en académie ?

La présente étude a pour but de décrire l’usage vocal de 13 professeurs de formation musicale en académie en Belgique francophone lors d’une semaine de travail. En contexte écologique, nous avons réalisé des mesures objectives des paramètres de la charge vocale (fréquence, intensité, pourcentage de phonation, nombre de cycles oscillatoires) et du bruit ambiant grâce à un dosimètre vocal (VoxLog, Sonvox). Nous avons également utilisé deux types de mesures subjectives : une auto-évaluation quotidienne de l’usage vocal en termes de qualité, de fatigue, d’inconfort laryngé ressentis ainsi que de la quantité de voix parlée et chantée (réponse sur une échelle visuelle analogique de 0 à 100) mais aussi une auto-évaluation en fin de semaine des conséquences de cet usage vocal sur la qualité de vie, en voix parlée et chantée (VHI et SVHI remplis une fois en fin de testing). Les résultats montrent que tous les facteurs de charge vocale ainsi que l’intensité du bruit ambiant sont plus élevés en contexte professionnel qu’extra-professionnel. De plus, le bruit ambiant est corrélé positivement aux paramètres de charge vocale (sauf pour la fréquence qui augmente seulement chez les femmes en présence de bruit de fond) et est supérieur aux recommandations du BIAP en contexte de classe. Ensuite, en comparant les mesures objectives aux mesures subjectives, il apparaît que les échelles analogiques seraient plus représentatives du nombre de cycles oscillatoires que les échelles VHI et SVHI. Une comparaison supplémentaire entre les professeurs de formation musicale et les professeurs de l’enseignement classique (pour des données comparables) a mis en évidence une charge vocale plus élevée pour les professeurs de formation musicale que pour les enseignantes de maternelle, primaire et secondaire, et équivalente à celle des professeurs de musique (en primaire et maternelle confondus) aux Etats-Unis. Le métier de professeur de formation musicale apparaît donc comme une profession comportant des risques de pratiquer un usage vocal plus élevé que d’autres professionnels de la voix et donc de développer des troubles vocaux au cours de leur carrière.