Développement d'un modèle de cancer pulmonaire induit par des nanotubes de carbone

Les nanotubes de carbones (CNT) sont des nanomatériaux constitués de feuillets d’atomes de carbone, enroulés sur eux-mêmes pour donner cette forme de tube. Les CNT sont aujourd’hui exploités industriellement car ils confèrent aux matériaux des propriétés électroniques et mécaniques intéressantes. Certains CNT en forme d’aiguille ont cependant été classés comme particules potentiellement cancérigènes pour l’Homme. Des études précédentes ont montré que ces CNT rectilignes induisaient le mésothéliome malin et le cancer pulmonaire chez le rat. Les mécanismes immunologiques liés à ces cancers restent à découvrir. Le but de notre étude est de développer un modèle de cancer pulmonaire chez la souris en utilisant des CNT afin de mieux comprendre les mécanismes immunologiques impliqués dans le développement de la pathologie cancéreuse. A partir de souris A/J, nous avons développé un modèle de co-carcinogénicité en utilisant des CNT-7 (rectilignes), des CNT-T (courbés, non mésothéliomagéniques) et du 3-méthylcholanthrène (3MC). Le 3MC est un carcinogène chimique dont l’activité cancéreuse est amplifiée par des particules réactionnelles. Dans un second temps, nous avons exposé des souris B6 aux mêmes particules, ainsi qu’au CB (carbon black, non cancérigène) toujours en présence du 3MC. Le carcinogène 3MC est injecté en faible quantité (250 µg) par injection intra-péritonéale tandis que les particules sont injectées par aspiration oro-pharyngée (100 µg). Le potentiel cancérigène a été mesuré en utilisant l’imagerie pulmonaire (Scanner Leica SCN400, programme Halo). Les résultats montrent que la co-administration de CNT-7 et de 3MC induit le développement d’adénocarcinomes papillaires infiltrants chez les souris A/J, confirmant l’intérêt du modèle. Les CNT-T ont, par ailleurs, des effets génotoxiques pulmonaires plus élevés que les CNT-7 chez les souris A/J et les B6. Les souris B6 exposées au CB ne développent pas d’adénocarcinome papillaire. En conclusion, nous avons développé un modèle d’adénocarcinome papillaire pulmonaire en utilisant des CNT chez la souris. Cet outil sera précieux pour étudier le rôle des médiateurs et des cellules immunitaires dans le développement du cancer des poumons induit par des particules inhalées.