L'écriture des marges en littérature contemporaine de non-fiction : cas de Jean Rolin, Jean Marc Turine et Philippe Vasset

(fre) Le présent mémoire étudie la manière dont Jean Rolin, Jean Marc Turine et Philippe Vasset traitent des marges dans leurs textes présentés comme non-fictionnels. Ces trois écrivains contemporains sont les auteurs de récits – que l’on peut situer entre littérature et reportage – où ils se mettent en scène en train d’observer une réalité historico-sociale déterminée, qu’il s’agisse des banlieues de grandes villes françaises et de la pauvreté de ceux qui y vivent, du quotidien des habitants des Comores, ou encore des vies marquées par les guerres. Ces réalités ont en commun leur marginalité car ceux qui les subissent sont rendus invisibles dans l’espace public. Les trois auteurs du corpus étudié vont donc en rendre compte à partir de détails qui joueront alors le rôle d’indices, rapprochant leurs textes d’enquêtes journalistiques, mais les hypothèses qu’ils avancent résultent d’une certaine capacité imaginative de leur part et ainsi, s’apparentent à de la fiction. Se pose alors très vite la question de la définition du réel et de sa représentation. À plusieurs niveaux, les textes étudiés cultivent une certaine opacité et montrent que le réel est une somme de multiples singularités difficilement représentables via le langage traditionnel. Le présent mémoire verra alors comment les auteurs étudiés inventent un langage autre, littéraire, pour en rendre compte adéquatement. Ce langage constitue en lui-même leur manière de s’impliquer car tout en refusant souvent une posture explicitement militante, les trois écrivains adoptent un discours subversif qui, en se situant en deçà des carcans littéraires et journalistiques, offre aux marges une « ligne de fuite » et leur permet de résister à la standardisation. Ainsi, ce mémoire s’inscrit dans l’immense champ de la littérature contemporaine, par endroits encore très peu défriché. Inutile de le préciser, le contexte qui entoure les œuvres étudiées est en constante évolution et certaines de ses constituantes sont parfois sensibles. Le présent travail montre donc comment la littérature ouvre des voies nouvelles à la représentation – puis ainsi à la résistance – de réalités traditionnellement déconsidérées par les discours dominants mais pas moins importantes. En cela, une certaine efficacité sociale et politique peut être reconnue à la littérature contemporaine, et à ce mémoire.

(eng) The present thesis studies the way Jean Rolin, Jean Marc Turine and Philippe Vasset approach the margins in their texts presented as non-fictional. These three contemporary writers are the authors of narratives - which can be situated between literature and reportage - in which they stage themselves in the process of observing a determined historical and social reality, whether it be the suburbs of large French cities and the poverty of those who live there, the daily life of the inhabitants of the Comoros, or the lives marked by wars. These realities have in common their marginality because those who undergo them are made invisible in the public space. The three authors of the corpus studied will therefore give a representation of them based on details that will then play the role of clues, bringing their texts closer to journalistic investigations, but the hypotheses they put forward result from a certain imaginative capacity on their part and thus, are like fiction. The question of the definition and the representation of the real is then quickly raised. On several levels, the texts studied cultivate a certain opacity and show that the real is a sum of multiple singularities that are difficult to represent via traditional language. The present thesis will then see how the writers studied invent another language, literary, to adequately report on it. This language constitutes in itself their way of getting involved because while often refusing an explicitly militant posture, the three writers adopt a subversive discourse which, by being situated beyond the literary and journalistic frameworks, offers to the margins a "line of escape" and allows them to resist to the standardization. Thus, this dissertation is part of the immense field of contemporary literature, in some places still very little cleared. Needless to say, the context surrounding the works studied is constantly changing and some of its constituents are sometimes sensitive. The present work shows how literature opens new ways to the representation - and then to the resistance - of realities traditionally discredited by the dominant discourses, but not less important. By this way, a certain social and political effectiveness can be recognized to contemporary literature, and to this thesis.