Qu'est devenu cet heureux temps ? Les réécritures contemporaines des contes de fées de Madame d'Aulnoy dans la littérature de jeunesse

En s’intéressant à la production littéraire de Madame d’Aulnoy, « la mère des contes de fées », ce mémoire s’affranchit d’une analyse textuelle ancrée dans son siècle de rédaction et cherche les survivances des caractéristiques propres aux contes aulnoyens dans une littérature en quête de légitimité : la littérature de jeunesse contemporaine. La littérature de jeunesse est un secteur éditorial dont l’émergence est relativement récente au regard de l’histoire littéraire. Cependant, l’œuvre du temps, les éditeurs et les bibliothèques ont largement contribué à l’infantilisation des contes de fées à laquelle les productions de Madame d’Aulnoy n’ont pas échappé. Dès lors, les contes de fées de la baronne seront considérés comme une production destinée au lectorat enfantin ; ce transfert de public est encore effectif de nos jours. Dans une première partie théorique, ce mémoire s’intéresse aux diverses définitions et aux classifications que revêt le conte avant de s’intéresser au microcosme qui a vu naître ce genre littéraire nouveau qu’est le conte de fées français, aux sources d’inspiration des conteurs du XVIIe siècle ainsi qu’aux caractéristiques propres à ces récits féériques. La seconde partie de notre mémoire est consacrée à l’analyse et à la comparaison textuelles des contes de Madame d’Aulnoy et des réécritures de jeunesse contemporaines issues de notre corpus. Si les contes originels sont d’une richesse et d’une complexité indéniables, notre intérêt s’est porté sur trois grandes thématiques : la visée didactique, le romanesque galant et l’édition critique. Cette approche nous a permis de mettre en lumière les éléments textuels ayant survécu aux pratiques éditoriales et aux aléas de l’histoire littéraire à travers la découverte de points communs entre les contes d’origine ou les contes réécrits. Cependant, nos recherches ont également fait transparaitre la difficulté éprouvée par les auteurs et les éditeurs quant à la possibilité de réécrire ces contes de fées aux caractéristiques si singulières et n’étant initialement pas destinés aux enfants.