Cassart, Pauline
[UCL]
Baret, Philippe
[UCL]
Ferdinand, Manon
[UCL]
Sécheresses, inondations, vagues de chaleur… le dérèglement climatique est à nos portes. Dans ce contexte, l’agriculture est face à deux défis : atténuer son impact sur les changements climatiques actuels et s’y adapter. Pour ce faire, des modes de production plus durables se développent, l’Agriculture Biologique (AB) et l’Agriculture de Conservation (AC) en font partie. Cependant, ces deux systèmes agricoles présentent des choix techniques différents : tandis que l’un bannit tout intrant de synthèse, s’appuyant notamment sur le labour, l’autre s’affranchit de ce dernier, en restant majoritairement dépendant des intrants de synthèse, et en particulier du glyphosate. Cette tension, soulevée par Braibant et Morelle (2018) et approfondie ensuite par Ferdinand et al. (2019), freine la convergence de ces deux modèles vers la construction d’une Agriculture Biologique de Conservation (ABC). Ce mémoire s’inscrit dans l’objectif global d’étudier la contrainte de la certification bio sur les pratiques de l’AC dans un contexte de changements climatiques, en Wallonie. Trois sous-objectifs en découlent : (i) identifier la diversité de changements dans les pratiques de l’AC, lors de l’adoption de la certification bio, (ii) mesurer l’effet de ces changements sur la structure du sol, et finalement (iii) identifier les motivations et freins à l’adoption de la certification bio en AC ainsi que la vision de l’avenir de l’exploitation des agriculteurs rencontrés. Ces objectifs ont été atteints grâce à deux portes d’entrée : d’une part, via la réalisation d’entretiens semi-dirigés auprès de six agriculteurs wallons, pratiquant l’AC sur toutes les parcelles de l’exploitation et dont certaines sont certifiées bio, d’autre part, via la réalisation d’une mesure en champ, permettant une caractérisation rapide de la structure du sol sur les parcelles concernées. Les résultats de l’étude montrent tout d’abord une diversité de changements dans les pratiques des six agriculteurs rencontrés lors de l’adoption de la certification bio en AC. Les agriculteurs rencontrés sont classés en deux catégories : la première regroupe les agriculteurs cultivant des cultures exigeantes en travail du sol, entraînant une réduction de la relation à l’AC. La deuxième catégorie regroupe des agriculteurs cultivant des cultures peu exigeantes, leur permettant de maintenir une relation élevée avec l’AC. Cette dernière montre qu’une forme d’ABC est possible en Wallonie. Ces deux grandes catégories indiquent que le choix de la culture prime sur le choix du modèle, AC ou ABC, et par conséquent sur l’utilisation ou non d’intrants de synthèse tels que le glyphosate, pour maintenir une relation élevée avec l’AC. Finalement, les résultats montrent une corrélation négative entre intensité de travail du sol et qualité structurale du sol. Bien qu’il semblerait que, à cultures identiques, le modèle AC maintienne une meilleure structure du sol en comparaison à l’ABC, le choix des cultures permet de contrebalancer l’effet du modèle sur la structure du sol. Nos habitudes alimentaires seraient-elles la clef de la santé de nos sols ?


Bibliographic reference |
Cassart, Pauline. Contrainte de la certification bio en Agriculture de Conservation en Wallonie dans un contexte de changements climatiques. Faculté des bioingénieurs, Université catholique de Louvain, 2021. Prom. : Baret, Philippe ; Ferdinand, Manon. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:32886 |