La position ambigüe des femmes dans le surréalisme : Le cas d’Irène Hamoir dans l’expérience collective bruxelloise

(fre) Être une femme dans les milieux surréalistes peut s’avérer compliqué. Le mouvement a en effet été pensé en ses débuts pour et par des hommes. Ceux-ci ont délimité un langage surréaliste exaltant les femmes comme entités abstraites et non comme véritables êtres concrets. Mises en difficulté par ce langage qui ne leur est pas destiné, les femmes surréalistes ont inventé un nouveau langage ou ont simplement pris leurs distances avec le mouvement. La présente étude s’intéresse donc notamment aux productions artistiques des femmes tout en questionnant l’idée d’un « art féminin » avec l’aide des études de genre et à la lumière de la psychanalyse. Irène Hamoir (1906-1994) est la seule femme à s’être réellement illustrée dans le groupe des surréalistes bruxellois. Elle y exerce une double activité : d’une part, elle est une véritable figure fédératrice du groupe et sert d’inspiratrice à son époux le poète Louis Scutenaire et à son ami le peintre René Magritte ; d’autre part, elle compte à son actif un roman, six contes, un recueil poétique, un scénario de cinéma expérimental, un recueil de chroniques journalistiques et un très grand nombre de participations aux publications collectives des surréalistes. Quelques-unes de ses productions ont cependant été pointées du doigt par certains qui affirment que, des œuvres, on ne lui doit que la signature. L’activité créatrice d’Irène Hamoir est ainsi minorée par la postérité au profit de son activité d’inspiratrice qui, dans un milieu surréaliste, est davantage assigné aux femmes. L’étude se divise en quatre chapitres. Le premier examine la polémique autour de la maternité de l’œuvre d’Hamoir et questionne la collaboration dans les milieux littéraires. Le second analyse la condition sociale et littéraire des femmes en Belgique au 20e siècle et pose la question d’un « art féminin ». Tandis que le troisième questionne la place des femmes dans le surréalisme, le dernier chapitre l’exemplifie à travers le cas d’Irène Hamoir. Ce dernier chapitre est divisé en deux volets : Irine la créatrice et Irène l’inspiratrice.

(eng) Being a woman in Surrealist circles can be complicated. The movement was conceived in its beginnings for and by men. They delimited a surrealist language that exalted women as abstract entities and not as real concrete people. Put in difficulty by this language which is not intended for them, the surrealist women invented a new language or simply distanced themselves from the movement. The present study is therefore interested in the artistic productions of women while questioning the idea of a "feminine art" with the help of gender studies and in the light of psychoanalysis. Irène Hamoir (1906-1994) is the only woman to have really participated in the actions of the group of the Brussels surrealists. She had a double activity : on the one hand, she was a real unifying figure of the group and served as an inspiration to her husband, the poet Louis Scutenaire, and to her friend, the painter René Magritte ; on the other hand, she wrote a novel, six tales, a collection of poems, an experimental film script, a collection of journalistic chronicles and a great number of participations in the collective publications of the Surrealists. Some of her productions, however, have been pointed out by some who claim that she’s only responsible for the signature of the books. The creative activity of Irene Hamoir is minorized by the posterity to the profit of her activity of inspirer which, in a surrealist environment, is more assigned to the women. The study is divided into four chapters. The first examines the polemic around the maternity of Hamoir's work and questions the collaboration in literary circles. The second analyzes the social and literary condition of women in Belgium in the 20th century and raises the question of a "feminine art". While the third chapter questions the place of women in surrealism, the last chapter exemplifies it through the case of Irène Hamoir. This last chapter is divided into two parts: Irine the creator and Irène the inspirer.