De l’insultance sexiste : enquête sur la perception d’actes insultants sexistes auprès de la population francophone européenne (Belgique, France)

(fre) Ce mémoire s’intéresse à la notion de sexisme, à ses actualisations en discours (sexisme discursif) et à ses effets de violence verbale : qu’est-ce que le sexisme ? A-t-il un caractère objectif en discours, indépendamment de l’intention de celui ou celle qui l’énonce et de la compréhension de celle ou celui qui en est témoin et des effets qui en découlent ? Le sexisme des discours participe-t-il à la domination masculine ? Lorsqu’il est mis en mots, ce sexisme peut-il blesser ? Quelles sont les formes et le mécanisme de la violence de la langue – à plus proprement parler du discours – qui s’exerce à l’égard des femmes au-delà de ce que le langage courant a l’habitude d’appeler l’insulte ? Après avoir défini le sexisme, proposé une typologie des formes qu’il prend en discours et réfléchi aux similitudes qui unissent ce phénomène à l’insulte, je dégage la propriété discursive et sociale de l’insultance, qui désigne la capacité potentielle d’un acte de discours à provoquer un effet insulte auprès d’un.e interlocutrice.teur ou de tout.e autre témoin simultané.e ou différé.e de cet énoncé en raison de l’infériorisation d’une identité (signification insultante) que véhicule ou suppose objectivement cet acte et à laquelle cet.te interlocuteur.trice ou témoin s’identifie ou est identifié.e par autrui. La signification insultante, objective, est indépendante de l’intention de l’énonciatrice.teur, de la signification personnelle que lui confèrent les interlocuteur.trice.s et de l’effet qu’elle leur cause. Lorsque l’identité infériorisée par l’acte insultant est l’identité de genre, on parle d’insultance sexiste. Enfin, ce mémoire présente les résultats d’une enquête sur la perception du sexisme discursif et de son insultance (2021) en Europe francophone (Belgique, France). Il montre que la perception des types du sexisme discursif (sexisme élémentaire ou hostile ; antiféminisme du sexisme moderne/néosexisme et du masculinisme ; sexisme objetisant ; sexisme inversé ; sexisme bienveillant ; sexisme subtil ; sexisme conventionnel) donne lieu à un continuum perceptif de l’insultance sexiste. Cette enquête étudie également la perception du sexisme lorsqu’il est énoncé par une femme, ainsi que la perception de quelques cas d’humour sexiste élémentaire.

(eng) This thesis focuses on the notion of sexism, its realizations in discourse (discursive sexism) and its effects of verbal violence: what is sexism? Does it have an unbiased aspect in speech, regardless of the intention of the speaker and of the understanding of the witness and of the resulting effects? Does the sexism of discourse contribute to male domination? When put into words, can this sexism hurt? What are the forms and the mechanism of the violence of language - more strictly speaking, of discourse - which is exerted against women beyond what’s called insult, in everyday language? After having defined sexism, proposed a typology of the forms it takes in discourse, and thought about the similarities which unite this phenomenon with insult, I identify the discursive and social property of insultance, which designates the potential capacity of an act of speech to cause an insulting effect to an interlocutor or to any other simultaneous or deferred witness of this statement due to the inferiorization of an identity (insulting meaning) conveys or objectively supposes by this act and with which this interlocutor or witness identifies or is identified by others. The insulting meaning, which is objective, is independent of the intention of the enunciator, of the personal meaning conferred on it by the interlocutors and of the effect it provokes on them. Finally, this thesis presents the results of a survey on the perception of discursive sexism and its insultance (2021) in French-speaking Europe (Belgium, France). It shows that the perception of types of discursive sexism (elementary or hostile sexism; anti-feminism of modern sexism / neosexism and masculinism; objectifying sexism; inverted sexism; benevolent sexism; subtle sexism; conventional or linguistic sexism) generates a perceptual continuum of the sexist insultance. This survey also examines the perception of sexism when expressed by a woman and a few cases of elementary sexist humor.