Appel à la barre : doit-on vraiment condamner Concorde à mort ?

A Lille, le projet de « renouvellement urbain » du grand ensemble Concorde doit créer un quartier mixte à « santé positive », réglant tous les problèmes sociaux du site. Mais ce projet entraine la destruction de presque tous les bâtiments présents. Dans un contexte de crise écologique imminente, mais aussi d’incertitudes économiques et sociales, on peut se demander s’il est vraiment nécessaire de détruire l’ensemble Concorde, et comment sa préservation et la prise en compte de l’existant, et de la population déjà présente, permettrait d’atteindre un projet véritablement durable. Nous avons questionné trois principaux facteurs : - L’histoire du site, nous révélant ses qualités architecturales intemporelles (lumières, vues…), et qui nous permet d’énumérer les principales raisons des problèmes sociaux actuels, pour mieux les traiter. - L’expérience habitante par le biais d’entretiens, pour comprendre les réels besoins et désirs des habitants présents, mais aussi futurs. - L’analyse urbaine qui a permis de faire apparaître des phénomènes dont les habitants n’ont pas conscience. Nous proposons alors de réaffirmer la « réhabilitation» comme un acte fort, ne s’arrêtant pas au simple travail thermique, mais en une véritable requalification de l’architecture (spatialité, usages…). Mais aussi comme une justice rendue aux grands ensembles, dont la situation n’est pas homogène, et qui peuvent regorger de potentialités comme à Concorde. L’idée est de révéler ces potentialités, aussi bien dans les espaces végétalisés abondants que dans les logements aux parois non-porteuses, et donc flexibles. Le projet veut s’inscrire dans un processus : à grande échelle en redonnant des espaces disponibles à de nouveaux acteurs arrivant progressivement sur le site, et à petite en permettant aux habitants des libertés d’appropriation et d’évolution. Le résultat est un projet multiscalaire, une alternative à la vision actuelle de Lille, qui porte une attention particulière aux habitants déjà présents, pour les inclure dans la démarche, mais aussi à l’Histoire, et à l’intérêt patrimonial de Concorde pour Lille.