Les « printemps arabes » (2011) à la lumière de l’évolution de l’économie politique des régimes arabes : Etude comparée des cas de la Libye et de la Jordanie

Ce mémoire explore le lien entre l’évolution de l’économie politique des régimes arabes depuis les années 1980-90 jusqu’en 2010 et les soulèvements qui ont éclaté fin 2010 - début 2011 dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Pour ce faire, l’étude consiste en l’analyse des cas d’un État rentier (la Libye) et d’un État semi-rentier (la Jordanie), les deux États étant des régimes autoritaires. Le sujet est traité à travers la question suivante : « En quoi les nouvelles politiques économiques (à partir des années 1980) ont-elles marqué l’évolution de l’économie politique de ces régimes en érodant le « contrat social » qui avait fait consensus durant des décennies, dégradant les conditions de vie de certains secteurs des populations concernées ou leurs sentiments de bien-être, en termes d’injustice et d’indignité morale par rapport à leurs attentes et nourrissant des frustrations, débouchant sur les contestations sociales et les soulèvements du « printemps arabe » de l’hiver 2010-11 ? » Dans ces deux pays, la rente pétrolière a joué un rôle crucial (directement dans le cas de la Libye, indirectement dans le cas de la Jordanie, via les remises de travailleurs expatriés dans les pays pétroliers) dans l’édification et la consolidation de régimes autoritaires car grâce à elle, les leaders ont pu obtenir la légitimité auprès de leurs peuples en échange de nombreux services socio-économiques. Avec la diminution de cette dernière et la crise économique, ce contrat social s’est érodé. Cette évolution a notamment été marquée par les politiques visant à libéraliser l’économie, qui ont entraîné une monopolisation de l’économie par les clans proches du pouvoir, affectant profondément l’économie politique des régimes.