Pathogénicité de Xylella fastidiosa sur les genres Populus et Salix en Belgique

Xylella fastidiosa est une bactérie phytopathogène. Considérée comme un agent de quarantaine au niveau européen, elle a provoqué des dégâts économiques et environnementaux sans précédent. Dès la fin du 19ème siècle, elle ravage plus de 14 000 hectares de vignobles de la région de Los Angeles (USA). Décrite par le phytopathologiste Newton B. Pierce, la maladie qu'elle provoque est nommée Pierce’s disease of grapevine. A l'époque, l’agent pathogène responsable n’a pas encore été mis en lumière, et, est considéré comme un virus ou un mycoplasme à cause de l’impossibilité de le cultiver en dehors de son hôte. Après avoir été isolée en culture pure, X. fastidiosa a été retrouvée dans près de 600 espèces, dont les agrumes, les amandiers, les chênes, les pêchers, les muriers et les caféiers. Les maladies qu'elle cause provoquent des chloroses et des nécroses des marges foliaires et peuvent avoir pour conséquence une grande perte de rendement, voire mener à la mort des plantes. Transmise essentiellement par des insectes vecteurs, X. fastidiosa a, depuis 2013, été identifiée en Italie, en France et en Espagne. L’objectif de ce mémoire est d’évaluer le risque phytosanitaire pour la flore belge. Lors de précédents projets, les genres Salix et Populus ont été référencés comme des hôtes symptomatiques très importants sur le territoire belge. Ces deux genres ont été choisis car on les retrouve dans les milieux favorables aux insectes vecteurs potentiels. Ils pourraient donc jouer un rôle épidémiologique majeur en connectant les différentes plantes importantes économiquement et en formant une niche favorable aux vecteurs et à la bactérie. Après une inoculation mécanique, la propagation de la bactérie a été évaluée via PCR, qPCR et à l’aide de la microscopie confocale. Les occlusions présentes dans le xylème ont été observées par microscopie électronique à balayage. L’influence de la température sur la croissance de X. fastidiosa et sur la formation de biofilms a été étudiée en plaçant les plants dans deux environnements avec des températures différentes. La susceptibilité des deux genres a été étudiée en mesurant la propagation de la souche KLN59.3 de la sous-espèce fastidiosa de la bactérie dans le xylème, via une série de détections PCR réalisées sur les pétioles à différents intervalles de temps. De plus, l’obstruction des vaisseaux par la bactérie a été étudiée en microscopie confocale permettant de mettre en évidence la fluorescence de la souche KLN59.3. La quantification des colonies qui se sont développées dans le xylème a été réalisée par qPCR. Enfin, l’observation en microscopie électronique à balayage des branches a permis de déterminer les types d’occlusions présents dans le xylème des plants colonisés par X. fastidiosa. Les résultats principaux montrent que l’espèce P. tremula est un hôte plus sensible que S. alba et P. canescens: elle présente des symptômes plus sévères, une concentration de bactéries significativement plus importante que les P. canescens, une densité de vaisseaux totalement obstrués plus élevée, et la bactérie y est détectée jusque dans les racines. Ce travail permet d’envisager des pistes d’optimisation des expériences réalisées et d’orienter les expériences futures. Il semblerait que P. tremula présente des symptômes marqués tandis que S. alba représente un hôte asymptomatique de ce pathogène.