Lamberts, Emmanuelle
[UCL]
Heenen-Wolff, Susann
[UCL]
Arrivé en France dans les années 1970 d’abord dans le milieu académique, le « gender », importé des Etats-Unis, reste longtemps méconnu du grand public. Ce n’est que très récemment, suite aux diverses polémiques entourant la question du mariage pour les personnes de même sexe, ou celle de l’introduction dans les programmes scolaires d’une sensibilisation aux stéréotypes de genre que ce concept « sort du placard » et se fait entendre partout et par tous. Bien qu’à présent largement répandu, le concept de genre, comme objet d’étude, souvent traduit en politique par « la théorie du genre » reste, pour la plupart, un concept flou et obscur, suscitant crainte, méfiance et rejet. Qu’est-ce que le genre ? Existe-t-il une telle théorie ? S’agit-il de nier les différences biologiques entre les sexes ? Nous pensons que la compréhension du concept de genre, au centre de notre recherche, est au cœur de la lutte pour l’égalité des sexes et c’est dans le but d’encourager cette égalité entre filles et garçons, au vu des inégalités encore existantes aujourd’hui, que nous désirons souligner l’importance d’une éducation au genre. Le concept de genre, définit par le « système de bicatégorisation hiérarchisé entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin) » (Bereni et al., 2012, p.10), permet de prendre conscience de l’aspect socialement construit des catégories de sexes. En effet, la dyade sexe-genre a une histoire et les frontières actuellement établies entre hommes et femmes sont également le fruit de décisions sociales. Or, de cette bicatégorisation sociale peuvent surgir nombre de violences intergroupes. De la croyance au sentiment, du sentiment à l’acte, les stéréotypes, préjugés et discriminations guettent tous les jours les personnes des groupes dévalorisés socialement. C’est alors par la socialisation de genre, prenant place au sein de la famille, à l’école, et plus tard dans toutes les sphères de vie d’un individu, que cette bicatégorisation et les stéréotypes qui en découlent sont appris, intégrés et incorporés de telle sorte que, de manière de plus en plus précoce, apparaissent des petites filles et petits garçons se distinguant fortement les uns des autres par leurs goûts, leurs représentations, leurs pratiques et leurs gestes. De l’enfance à l’âge adulte, filles et garçons, femmes et hommes sont contraints d’adopter les rôles de sexe véhiculés par l’ordre du genre normatif et hiérarchique. Les transgressions, davantage tolérées pour la gent féminine, sont durement sanctionnés pour les garçons et les hommes sur qui pèse une lourde pression puisqu’ils risqueraient, en transgressant leur genre, de se déclasser socialement. Ainsi, ces contraintes symboliques permettent de perpétuer les inégalités sociales entre hommes et femmes alors même que ceux-ci sont égaux devant la Loi. C’est ainsi en vue de permettre aux hommes et aux femmes d’accéder aux droits qui leur sont accordés dans la Loi que nous soulignons l’importance et, au vu des inégalités encore existantes, la nécessité d’une éducation au genre. Il s’agit, autrement dit, de promouvoir l’égalité hommes-femmes et d’inviter ceux-ci à se libérer du poids des contraintes normatives du genre.


Bibliographic reference |
Lamberts, Emmanuelle. De la nécessité d'une éducation au genre. Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, Université catholique de Louvain, 2015. Prom. : Heenen-Wolff, Susann. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:2999 |