Meire, Leen
[UCL]
Bréchet, Thierry
[UCL]
L’ÉCO-INNOVATION EN EUROPE PERMET-ELLE DE GENERER UNE SITUTATION « WIN-WIN » POUR L’ENTREPRISE ET SON ENVIRONNEMENT ? Raréfaction des ressources, changement climatique, altération de la biodiversité, etc., telles sont les problématiques que tout décideur, politique ou privé, doit aujourd’hui prendre en compte lors de ses prises de décisions, qu’elles soient à court ou à long terme. L’incorporation de la notion du développement durable dans les entreprises amène celles-ci à chercher des solutions propres, pouvant prendre la forme d’innovations technologiques ou organisationnelles. Cela leur permet de mieux répondre aux attentes de leurs parties prenantes. Ces innovations au service du développement durable, appelées « éco-innovations » ne font pas l’unanimité quant à leurs réelles répercussions. Certains auteurs sont optimistes et défendent que ces innovations vertes sont susceptibles de générer des situations « win-win » sous certaines conditions. Cependant, d’autres auteurs sont bien plus pessimistes et pensent que ces innovations durables entraînent surtout des effets néfastes, tant niveau des entreprises qu’au niveau de l’environnement. Notre recherche vise à éclaircir la question suivante : l’éco-innovation en Europe permet-elle de générer une situation « win-win » pour l’entreprise et son environnement ? Nous avons d’abord procédé à une mise en contexte socio-économique de ces éco-innovations avant de retenir plusieurs définitions pertinentes. Nous avons également retenus les principaux incitants et barrières à l’adoption de tels concepts. Ainsi, nous pouvons citer les pressions gouvernementales, les pressions technologiques, les pressions du marché et la recherche d’éco-efficience comme incitants externes. Les incitants internes quant à eux relèvent de la conviction des dirigeants et des caractéristiques propres à l’entreprise. En ce qui concerne les barrières à l’adoption d’innovations vertes, nous avons analysé que la législation peut parfois être un frein majeur si celle-ci n’est pas définie clairement. Les barrières financières sont également importantes, tout comme le manque d’information à propos des éco-innovations et de leurs impacts. Cette première étape nous aura finalement permis de mieux comprendre en quoi consistent les éco-innovations. Ensuite, nous avons tenté de déterminer comment les entreprises adoptent de telles initiatives à l’aide de différents modèles tels que l’Eco-Compass ou la Roue de Brezet, ce dernier insistant sur l’importance de l’analyse du cycle de vie des produits ou des services. Nous nous sommes alors demandé quel sont les impacts de ces éco-innovations, et ceux-ci sont-ils de nature positive ou négative sur l’environnement et sur l’entreprise ? Pour cela nous avons développé deux modèles permettant de mesurer les effets générés par les innovations durables. D’après nos lectures, les éco-innovations semblent générer des effets positifs car elles peuvent être à l’origine d’un avantage concurrentiel, d’une diminution des coûts ou encore améliorer l’image de l’entreprise auprès des consommateurs. Elles peuvent également générer des impacts positifs sur la société et l’environnement en créant de l’emploi et de la valeur économique mais aussi en réduisant l’empreinte écologique des entreprises et ainsi freiner la dégradation de notre écosystème. Néanmoins, ces avantages s’observent principalement sur le long terme et les entreprises n’ont pas toujours la patience de les attendre. Effectivement, les actionnaires réclament des bénéfices dans l’immédiat, ce que les éco-innovations ne peuvent pas toujours assurer. Bien conscientes de la nécessité d’agir de manière durable, les entreprises font alors résistance au régime pour contenter leurs actionnaires. Outre les retombées positives, nous avons également identifié des effets négatifs suite à l’adoption d’une éco-innovation. Sur le plan environnemental, nous avons illustré, à l’aide des biocarburants, qu’elles peuvent parfois avoir un impact néfaste sur l’écosystème. Du côté de l’entreprise, l’implémentation d’une éco-innovation peut, entre autres, générer des coûts supplémentaires. C’est ce que défendent les néoclassiques, qui ne sont pas totalement d’accord avec l’hypothèse de Porter et Van der Linde (1995). Ils conçoivent que les innovations durables induisent des coûts supplémentaires et que ceux-ci risquent de nuire à la compétitivité des entreprises. Ils ajoutent que des réglementations claires sont indispensables mais que celles-ci sont souvent complexes à implémenter. Les éco-innovation seraient-elles alors la solution à la problématique écologique ? Orienter les produits, les services ou les processus de production vers une démarche éco-innovante permet d’opérer un changement positif au niveau micro. Ces modifications, parfois marginales, peuvent toutefois se diffuser. On peut alors observer un effet de multiplication à travers la concurrence. Effectivement, si une entreprise parvient à voler des parts de marchés à ses concurrents, ceux-ci vont probablement adopter la même démarche. Ainsi, les pratiques éco-innovantes s’étendent et les entreprises réalisent du business respectueux de l’environnement générant moins de pollution. Ces actions peuvent donc finalement se ressentir à un niveau macro. L’ONU appelle cela la théorie de la croissance verte : « une manière écologique de faire des affaires ». Pour terminer, nous avons analysé la position de la Belgique dans le secteur de l’éco-innovation par rapport aux autres pays membres de l’Union européenne. Nous avons également étudié le cas d’une entreprise belge, Ecover, ayant réussi le défi de rester rentable, voire profitable, tout en atténuant les effets néfastes qu’elle engendre sur son environnement. La principale recommandation que nous pouvons énoncer suite à ce travail concerne l’importance des caractéristiques propres aux entreprises. La prise en considération de ces particularités est essentielle pour aboutir à une situation « win-win ». En effet, il n’existe pas de formule gagnante car celle-ci dépend d’un trop grand nombre de facteurs, tel que le secteur d’activité, la taille de l’entreprise, la position concurrentielle, etc. Ensuite, nous pensons que les réglementations constituent des aiguillons essentiels dans le développement d’éco-innovations. Bien qu’elles soient à l’origine de nombreuses réussites éco-innovantes, elles ne sont pas pour autant indispensables. Il faut toutefois s’assurer que celles-ci ne soient pas trop complexes à comprendre et à implémenter, au risque d’engendrer des frais supplémentaires aux entreprises. Un élément revenait cependant souvent lors de notre étude, c’est le manque cruel d’informations sur le sujet de l’éco-innovation. Les données disponibles ne sont pas encore parfaitement centralisées, mais la Commission européenne y travaille activement. Par ce biais, elle souhaite démontrer que la plupart des éco-innovations aboutissent à des bénéfices tant pour l’entreprise que pour son environnement et ainsi inciter les sociétés à éco-innover. Ayant conscience des limites qu’engendre chacun des modèles exposés dans la suite de ce travail, nous avons décidé de ne retenir que les modèles les plus courants. La présentation d’autres outils pour développer les éco-innovations ou de méthodes pour les mesurer aurait pu créer une confusion. Enfin, une des limites majeures de notre travail réside dans l’absence d’analyses quantitatives afin d’appuyer notre recherche. Il nous aurait été difficile de mesurer nous-même l’impact des éco-innovations au sein des entreprises et encore pus sur l’environnement, nous ne disposons pas des connaissances approfondies pour réaliser une telle étude. Nous pensons néanmoins que de plus amples études permettraient de collecter davantage d’informations sur ces innovations particulières et ainsi agrandir les bases de données sur ce sujet encore trop peu développé. Nous espérons que ce mémoire permettra de mieux comprendre le concept d’éco-innovation, d’éclaircir ses implications sur les entreprises comme sur l’environnement, qu’elles soient positives ou négatives.


Bibliographic reference |
Meire, Leen. L'éco-innovation en Europe permet-elle de générer une situation "win-win" pour l'entreprise et son environnement ?. Louvain School of Management, Université catholique de Louvain, 2015. Prom. : Bréchet, Thierry. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:2993 |