Les conditions psychosociales à l'épreuve des dispositifs quantitatifs au travail : une étude qualitative sur l'impact psychosocial des indicateurs quantitatifs chez les inspecteurs du Contrôle du Bien-Etre au travail (CBE)

Cette étude se base sur des entretiens semi-directifs menés auprès de six inspecteurs du Contrôle du Bien-Etre (CBE) ainsi qu’un membre de la direction générale. Les résultats révèlent que les exigences strictement quantitatives tendent à dénaturer le sens même de la fonction : l'amélioration du bien-être dans les entreprises. L'évaluation quantitative de l'activité pousserait les inspecteurs à satisfaire les attentes quantitatives du système plutôt que les besoins du public, par essence qualitatifs. Cependant, la plupart tiennent à la qualité de leurs services tant que cela est encore possible, au risque de ne pas atteindre les objectifs qui leur sont fixés. Cette motivation à préserver la qualité leur permettrait d’éviter une souffrance éthique. Cette étude met également en évidence des comportements de tricherie qui permettraient à certains de gonfler leurs chiffres. Il s'agirait là d'un compromis en vue d'éviter des évaluations jugées négativement tout en continuant à proposer un service de qualité. Les indicateurs quantitatifs, représentés par les statistiques de performance individuelle, impliqueraient la dégradation du climat social dans le service. L'idée étant que les comportements d'entraides ne seraient pas considérés dans les critères d'évaluation. Les demandes quantitatives ne semblent pas intensifier le travail car les inspecteurs disent ne pas pouvoir avoir le temps de faire de la qualité et de la quantité. Ils font donc un choix qui leur permet de ne pas se sentir surchargé. Néanmoins, les demandes administratives qu’implique l'enregistrement des activités et son contrôle représentent une charge de travail supplémentaire et largement critiquée.