Deladrière, Céline
[UCL]
Francaux, Marc
[UCL]
Objectif : La transplantation de microbiote fécal consiste en l'administration d'une préparation de matière fécale issue d’un sujet sain à un patient atteint d’une pathologie liée à une altération du microbiote intestinal, en vue d’exercer des effets thérapeutiques. Cette technique été mise en avant pour son efficacité dans le traitement de l'infection à Clostridium difficile. Différentes études s'intéressent à l'application de cette technique comme traitement dans le cadre d'autres pathologies comme le diabète, le cancer, le syndrome métabolique ou encore la maladie de Parkinson. L'objectif de ce mémoire de type 'revue narrative' est d'analyser la littérature existante qui supporte ou non l’hypothèse selon laquelle une transplantation de microbiote fécal chez le sportif d'endurance peut avoir de potentiels effets ergogéniques. La question du caractère dopant d’une telle technique est également abordée. Discussion / conclusion : Bien que rien ne soit démontré dans la littérature scientifique, on peut raisonnablement formuler l’hypothèse que la modulation de la composition microbienne de l’intestin par transplantation de microbiote fécal pourrait améliorer les performances d'un sportif d'endurance. En augmentant la production d'acides gras à chaine courte, on pourrait augmenter la biogenèse mitochondriale dans le muscle squelettique via la phosphorylation de l'AMPK ainsi que de PGC1-α. En augmentant la production d'acides gras à chaine courte, on pourrait également épargner le glycogène musculaire lors d'un exercice sous-maximal d'intensité donnée en raison de l'augmentation de l'oxydation des acides gras et de la diminution de la glycolyse. En augmentant les bactéries transformant le lactate produit à l'exercice en propionate on pourrait améliorer la capacité d'exercice car l'oxydation de ce dernier permet de reformer de l'ATP. En régulant le microbiote en cas de surentrainement par l'augmentation de bactéries comme les lactobacilles et les bifidobactéries, on pourrait diminuer l'inflammation et la production d'espèces réactives à l'oxygène. En modulant la composition du microbiote intestinal on pourrait également réguler l'axe hypotalamo-hypophyso-corticosurrénalien et donc réguler la réponse au stress. Cependant, ces potentiels effets ergogéniques sont encore au stade d'hypothèse et n'ont pas encore été prouvés sur l'être humain. Quant à la possibilité qu'à l'avenir la transplantation de microbiote fécal soit considérée comme méthode de dopage chez les sportifs d'endurance, la combinaison du fait que la transplantation de microbiote fécal ait le potentiel de transmettre d'éventuels effets ergogéniques et du fait que des risques pour la santé soient possibles à long terme laisse à penser qu'elle pourrait un jour se retrouver sur la liste des méthodes dopantes. Nous ne sommes qu'au balbutiement de la compréhension du microbiote intestinal et d'autres études sont encore nécessaires à sa compréhension. Ce domaine fascinant n'est sans nul doute qu'à l'aube de nouvelles découvertes.


Bibliographic reference |
Deladrière, Céline. Potentiels effets ergogéniques d’une transplantation de microbiote fécal chez les sportifs d'endurance : une hypothèse.. Faculté des sciences de la motricité, Université catholique de Louvain, 2021. Prom. : Francaux, Marc. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:28750 |