Antécédents et conséquences de la métadéshumanisation Être la cible de comportements objectifiants : quelles conséquences pour la métadéshumanisation des femmes et les relation interpersonnelles ?

L’objectification est un processus interpersonnel complexe qui impacte le fonctionnement cognitif, émotionnel et comportementale de la personne qui le subit (Fredrickson & Roberts, 1997), pouvant mener, chez elle, à l’émergence d’un plaisir à se savoir objectifiée (Liss et al., 2011). Ce processus d’objectification s’accompagne d’un déni d’humanité chez sa cible, et est donc lié au phénomène de déshumanisation (Vaes et al., 2011). Ces deux concepts reposent sur l‘idée qu’une personne vivant ce type de situation sera dénuée de son appartenance à l’humanité (Deci & Ryan, 2000). Ce phénomène de déshumanisation est, également, lié à un ensemble de conséquences, et plus particulièrement à la métadéshumanisation, c’est-à-dire à la conscientisation de la perception déshumanisante qu’entretien son interlocuteur à son égard (Demoulin et al., 2020). De plus, elle pourra, également, se déshumaniser (Loughnana et al. 2017) et déshumaniser le perpétrateur (Kteily et al., 2016). Ce dernier processus est lié à la diminution des comportements prosociaux entre les acteurs (Twenge et al., 2007). Dans la présente étude, nous nous sommes intéressées à l’émergence, chez les femmes en situation d’objectification, de ces processus liés à la déshumanisation. Nous avons cherché à savoir si, et comment, cette situation faisait émerger une plus grande métadéshumanisation, une déshumanisation du perpétrateur ainsi qu’une autodéshumanisation, grâce à une situation factice d’une rencontre en ligne. Nous nous sommes penchées sur les effets médiateurs et modérateurs de ces variables, ainsi que du plaisir à la sexualisation, dans la relation entre l’objectification et les comportements prosociaux exprimés par les participantes, . Nos observations nous ont permis de conclure qu’il existe, effectivement, un lien significatif entre l’objectification, la métadéshumanisation, la déshumanisation du perpétrateur et l’auto-déshumanisation. En revanche, nous observations concernant les comportements prosociaux, étudiés en lien avec ces autres variables, étaient opposées à celles attendues. Finalement, nous avons proposé des pistes d’élucidations de ce dernier problème qui pourraient être intéressantes de mettre en place pour de futures recherches.