Pertinence du recours à la notion de dignité dans la demande d’euthanasie

(fre) Dans la société moderne, dominée par la question de la liberté et de l’autonomie, certains choisissent de mourir dans la dignité en demandant l’euthanasie. Les différents moyens empruntés posent également des questions angoissantes. Que faut-il faire ? Comment faire ? Peut-on (se) tuer ? L’objectif de l’euthanasie est d’obtenir une mort dans la dignité en mettant fin à la souffrance. Nous constatons que la notion de dignité se révèle contrastée dans le contexte de l’euthanasie. En effet, la dignité est utilisée pour soutenir la demande de l’euthanasie, mais elle est aussi mise en avant pour parler des enjeux des soins palliatifs. Donc, au nom de la dignité, certains justifient l’euthanasie et d’autres, au nom de ce même concept, la refusent pour proposer un autre accompagnement de fin de vie. Mais le concept n’est il pas abusif quand on l’applique à l’euthanasie ? Peut-il y avoir une mort digne ? Est-il pertinent d’utiliser le concept de dignité pour justifier une demande d’euthanasie ? Notre objectif n’est pas de donner une approche partisane, pour ou contre l’euthanasie, mais nous avons préféré présenter la complexité de la question. Nous montrons, d’une part, que la dignité constitue l’ossature conceptuelle la plus sollicitée pour parler et réfléchir sur l’euthanasie, et d’autre part, que la question d’euthanasie n’est pas seulement une question de mort, c’est d’abord et avant tout une question de vie et de valeur. Ainsi donc, la notion de dignité est complexe et va au-delà du permis et de l’interdit, de l’objectivité et de la subjectivité. L’enjeu est la rencontre avec autrui. Cette rencontre est un lieu éthique qui permet le déploiement de la dignité. Dans l’accompagnement physique, moral et spirituel, l’éthique de la sollicitude n’est-elle pas plus attendue que la rigidité de celle du permis et de l’interdit ?