Gillet, Valentine
[UCL]
Kestemont, Marie-Paule
[Louvain School of Management]
Le sujet de ce mémoire s’inscrit dans le champ de la consommation responsable et durable : le gaspillage alimentaire. Cette problématique pose des questions tant d’ordre économique, environnemental que social. Analyser un phénomène dont les implications se diversifient dans de multiples sphères nous paraît un défi. Les experts sont unanimes: le gaspillage alimentaire est un problème important de la société moderne avec de graves conséquences. Ces conséquences sont aussi bien économiques qu’écologiques. La Food and Agriculture Organization (FAO) estime que le gaspillage alimentaire coûte à l'humanité chaque année la bagatelle de 750 milliards de dollars. Alors que l'Europe en cette fin de mois de juin 2015 est encore secouée par les problèmes de remboursement de la dette grecque, ce chiffre semble extrêmement élevé et provoque l'indignation. Il est du même ordre de grandeur que le PIB de la Turquie ou des Pays-Bas. Comme tout ce que l'homme produit, le gaspillage alimentaire a un impact sur l'environnement. Pour garder la comparaison avec un pays le gaspillage alimentaire serait le troisième plus gros émetteur de CO2 mondial. Il aurait une surface de la Chine, du Kazakhstan et de la Mongolie réunies, ce sont les terres agricoles utilisées pour rien. Il utiliserait en eau chaque année le débit annuel de la Volga. De plus, c'est un problème très complexe qui implique de nombreux acteurs. C'est aussi un problème systémique: un pan de notre système économique ne sait pas fonctionner sans le gaspillage alimentaire. Le but de ce mémoire est de présenter et discuter des solutions visant à une meilleure gestion du gaspillage et si possible à une diminution des quantités gaspillées. Pour ce faire, nous avons choisi la méthode « multicritères, multi-acteurs » comme outil de décision pour répondre de manière rigoureuse à la question de recherche. Face à ce rubik’s cube du développement durable des solutions sont proposées. De nombreuses solutions de prévention sont possibles comme l'éducation, le changement de la norme sociale, l'expérimentation ... L'industrie peut elle aussi fournir des solutions mais elles seront de valorisation. De nombreuses initiatives existent déjà et d'autres sont en voie de développement. Les différentes solutions les plus souvent rapportées dans la littérature scientifique et par les experts seront abordées dans ce travail. Mais comment choisir entre toutes ces solutions? C'est ici que la métaphore du rubik’s cube prend tout son sens: l'incroyable diversité des solutions est un casse-tête pour les décideurs. C'est pourquoi il est intéressant d'évaluer une sélection minutieuse des solutions qui semblent être les meilleures en fonctions de plusieurs critères. Cette méthode d'aide à la décision est appelée méthode « multicritères, multi-acteurs ». Elle permet d'établir un classement des solutions en fonction de leurs performances envers différents critères. Cette analyse et la discussion des résultats se trouvent dans la deuxième partie de ce mémoire. La première partie du mémoire fera le point d’abord sur la problématique du gaspillage alimentaire. On s’y intéressera principalement aux pertes de nourriture et non à la question des emballages. Dans un second temps, on recueillera les avis de citoyens, de membres d’organisations, d’un professeur d’université, d’experts, … par le biais d’entrevues. L’intérêt de cette démarche est d’obtenir des points de vue différents et des éclairages sur divers aspects de la problématique. Dans un troisième temps, des pistes de solutions sont exposées et articulées dans cinq domaines : solutions technologiques, politiques, liées au marché, comportementales, économiques. La deuxième partie introduit la méthode « multicritères, multi-acteurs » afin de dégager des classements de solutions envisageables. Les acteurs, l’établissement de la liste des solutions, les critères sont parmi les étapes clefs de la méthodologie. Elles sont expliquées et utilisées pour la création de la matrice d’analyse. Ensuite, cette matrice d’analyse sous forme de tableau a été envoyée aux experts situés aux différentes étapes de la chaîne alimentaire et nous avons collecté les données. Les résultats sont exposés par acteur, puis par mise en commun des réponses c’est-à-dire pour l’ensemble des experts et finalement par critère. La deuxième partie de ce mémoire se termine par une discussion de la méthode et des résultats. Un des objectifs principaux de ce travail était d’analyser le gaspillage alimentaire pour mieux le comprendre. Cette compréhension acquise lors du travail de recherche de la première partie nous a permis de mieux appréhender les solutions viables et sensées à apporter au problème du gaspillage alimentaire. Ces solutions étaient les réponses directes à notre question de recherche : « Quelles solutions envisageables face au gaspillage alimentaire ? ». Le programme Visual PROMETHEE a classé les solutions. Les trois meilleures solutions dégagées pour notre question de recherche ont été dans l’ordre : la vente des produits hors calibres, l’expérimentation des consommateurs et l’éducation de ces derniers. Les solutions les plus intéressantes du point de vue économique sont en première position, l’expérimentation des consommateurs et en deuxième position c’est un ex aequo entre la mise en place de circuits alimentaires courts, l’éducation des consommateurs et la vente des produits déclassés. Les solutions avec les meilleures performances pour l’échelle de Lansink sont d’abord les emballages intelligents, ensuite les circuits courts et finalement l’éducation. Les solutions avec les meilleures performances pour le dernier critère environnemental sont en première place la distribution des invendus aux associations caritatives, en deuxième la vente des produits déclassés et en troisième l’expérimentation des consommateurs. Dans le futur il serait intéressant d’étudier plus en profondeur les différentes pistes de solutions. Il faut que le monde politique mette tout son poids dans la bataille. La mobilisation citoyenne est également une bonne chose. Les choses bougent mais il y a encore beaucoup à faire. Au niveau mondial un grand défi est d’essayer que les économies émergentes ne passent pas par l’étape « gaspillage des ressources » mais puissent construire directement de sociétés durables et respectueuses de l’environnement.


Bibliographic reference |
Gillet, Valentine. Quelles solutions envisageables face au gaspillage alimentaire ? Analyse par une approche « multicritères, multi-acteurs ». Louvain School of Management, Université catholique de Louvain, 2015. Prom. : Kestemont, Marie-Paule. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:2621 |