Léonard, Marie-Laure
[UCL]
Béreau, Sophie
[UCL]
Ce mémoire s’est penché sur une analyse de l’usage de produits dérivés par des entreprises européennes. Il existe trois couvertures contre le risque de change : les couvertures financières (endettement en monnaie étrangère et dérivés) et la couverture opérationnelle qui consiste à produire à l’étranger. Les études au niveau européen sont plus rares étant donné un manque d’information disponible. Concernant la stratégie d’endettement en monnaie étrangère, les données n’étaient pas publiées ou non-homogènes. Ainsi, les analyses empiriques à ce niveau n’étaient pas faisables dans l’échantillon considéré. En Europe, il n’existe que des enquêtes au niveau des pays ou des comparaisons avec les Etats-Unis. Les informations reprises dans cette analyse ont été collectées dans les notes aux comptes consolidés des entreprises. Pour cela, nous n’avons choisi que des entreprises européennes cotées, car les normes internationales reposent sur les normes américaines et que celles-ci réglementent et exigent l’information sur les produits dérivés. L’échantillon comprend 19 entreprises et commence en 2002, étant donné que l’euro a été mis en circulation cette année-là. Ainsi, la devise fonctionnelle des entreprises de l’échantillon est la même. Nous utilisons des données de panel, car nous analysons les données des entreprises entre elles au cours du temps. Nous avons calculé des variables d’approximation pour quantifier la couverture opérationnelle. Il existe, en effet, plusieurs outils disponibles. Néanmoins, toutes les variables n’ont pas pu être utilisées étant donné que l’homogénéité, étant nécessaire pour faire des analyses et comparaisons empiriques fiables, n’est pas retrouvée pour chaque variable. Nous avons testé l’impact de plusieurs variables sur les montants notionnels des dérivés contre le risque de change. Le montant de la juste valeur n’a pas été repris étant donné que la valeur de ce montant n’est pas représentative de l’ampleur de l’usage de dérivés. Après avoir parcouru plusieurs analyses empiriques réalisées dans le domaine sur les entreprises américaines, les dépendances de plusieurs variables ont été testées sur le volume de dérivés. Selon nos résultats, celui-ci dépend de certaines caractéristiques propres à l’entreprise. La taille de la firme, sa performance, l’économie d’échelle des dérivés et le ratio du chiffre d’affaire réalisé à l’étranger sur le chiffre d’affaire total sont des incitants à la hausse de l’usage de dérivés. Les frais de recherche et de développement poussent également les entreprises, selon nos résultats, à acheter davantage de dérivés. Plusieurs liens logiques à ces résultats ont été trouvés. Il n’est en effet pas étonnant qu’une entreprise plus large et plus exposée internationalement (via ses ventes à l’étranger notamment) soit plus active sur le marché des dérivés. Par ailleurs, la taille de la firme serait également un facteur d’exposition internationale. La raison sous-jacente à l'impact positif des frais de recherche et de développement est que cette variable est une approximation pour les opportunités de croissance. Les produits dérivés permettent de couvrir les flux de trésorerie et ainsi garder le niveau de confiance des investisseurs qui investissent dans des projets. Les entreprises qui possèdent un ratio « market-to-book » élevé sont en général des petites entreprises en croissance. Cette variable permet également d’approximer les opportunités de croissance. La dépendance du volume des dérivés est également positive à ce ratio. L’unique résultat auquel nous ne trouvons pas d’explication logique concerne le ratio de l’endettement de la firme. Il s’agit du total des dettes sur le total de l’actif. L’impact sur le volume des dérivés est trouvé significativement négatif. Nous pensions que les risques financiers causés par un endettement élevé pourraient indiquer des montants de dérivés plus élevés. Un lien de complémentarité entre la stratégie de couverture financière dérivée et la couverture opérationnelle ressort de nos analyses. Après avoir testé plusieurs approximations pour le degré de production à l’étranger, nous trouvons des liens significativement positifs dans chaque cas. Le fait que l’entreprise soit une multinationale ou qu’elle ait une dispersion de sa production élevée implique un usage de dérivés plus accru. Ces résultats ne sont pas nouveaux, des études récentes ont en effet déjà abordé ce lien de complémentarité entre ces deux stratégies. Selon ces résultats donc, l’utilisation de produits dérivés n’est pas suffisante, aux yeux des entreprises, pour se couvrir du risque de change. Non plus, la couverture opérationnelle n’est pas utilisée singulièrement. Il apparaît que les entreprises font face au risque supplémentaire, après prise en compte de la couverture opérationnelle, en achetant des dérivés, qui leur permettent de couvrir une monnaie spécifique à un certain moment. Nous avons conscience que notre analyse ne reprend pas tous les facteurs explicatifs de l’usage de dérivés contre le risque de change. A titre, d’exemple, la structure de la gestion du risque pourrait être une caractéristique déterminante dans la structure des stratégies contre les risques. Les membres qui la composent prennent les décisions, par conséquent, leur rapport et leur vision des produits dérivés pourrait impacter conséquemment celles-ci. Par ailleurs, l’âge du directeur financier nous a été confié par un expert comme étant un facteur déterminant dans son degré d’activité sur le marché des actions et des dérivés. Les directeurs plus jeunes seraient plus accoutumés et moins averses aux risques procurés par ceux-ci.


Bibliographic reference |
Léonard, Marie-Laure. Déterminants de la couverture contre le risque de change: analyses et résultats empiriques au niveau européen. Louvain School of Management, Université catholique de Louvain, 2015. Prom. : Béreau, Sophie. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:2539 |