Réutiliser le monument moderniste : quelle attitude adopter?

Alors que les démolitions des tours et des barres modernistes se multiplient, certains architectes tirent la sonnette d’alarme face à ce patrimoine en péril. Le monument moderniste subit actuellement trois crises : la crise matérielle (obsolescence des matériaux, inadéquation aux normes, inadaptabilité des typologies), la crise patrimoniale (disparition imminente du patrimoine moderniste amalgamé suite aux troubles sociaux et au débat sur la forme urbaine et son intégration dans la ville) et la crise sociale (délogement des habitants des barres et tours détruites, suppression de logements sociaux dans un contexte de crise du logement). Pourtant, ce monument possède un capital en énergie grise à valoriser qui sur le plan environnemental se montre avantageux par rapport à une démolition-reconstruction, il possède des qualités architecturales et urbaines sous-jacentes à dévoiler et il peut être transformé et valorisé de manière à combler une partie de la demande grandissante en logement social. Le présent mémoire est organisé en 5 parties. La première définit le monument moderniste et les valeurs défendues pour sa conservation. La deuxième partie cadre les intentions du modernisme de manière à comprendre les motivations de l’établissement du modèle moderniste et les bienfaits d’un tel modèle. La troisième partie aborde la critique proférée par les postmodernistes à l’égard du modernisme de manière à comprendre les séquelles du modèle moderniste. La quatrième partie énumère les différentes attitudes envisageables pour pallier aux trois crises du monument moderniste et développe plus particulièrement l’attitude de réutilisation de l’existant à travers une analyse critique du discours et des projets de Roland Castro, Anne Lacaton, Jean-Philippe Vassal et Christian de Portzamparc. Pour finir, la cinquième partie présente une attitude personnelle par rapport à la réutilisation du monument moderniste.