Croyances génétiques essentialistes et sexualité masculine: la sexualité peut-elle être une stratégie de mobilité individuelle?

De nombreux travaux ont permis d’établir que le traitement des informations en lien avec la génétique était empreint de biais (e.g., croyances génétiques essentialistes) nécessitant, au vu de leurs implications sociétales, une investigation scientifique plus approfondie (e.g., Dar-Nimrod & Heine, 2011). En réponse à cet appel, ce mémoire examine prioritairement le lien entre les croyances génétiques essentialistes à propos de la sexualité masculine (CGESM) (i.e., croyances selon lesquelles le désir sexuel masculin est important et sous-tendu par un instinct naturel difficilement contrôlable en raison de facteurs génétiques communs à tous les hommes) et le sentiment de pouvoir sexuel (i.e., sentiment subjectif que la beauté et la sexualité des femmes peuvent être une source de pouvoir sur les hommes) (Erchull & Liss, 2013). En accord avec notre hypothèse, une première étude corrélationnelle (N = 151) a permis de mettre en évidence que le sentiment de pouvoir sexuel des femmes était positivement lié aux CGESM. Ces résultats ont été interprétés à la lumière de la théorie de l’identité sociale et nous proposons que le pouvoir sexuel individuel puisse être considéré comme une stratégie particulière de mobilité individuelle. Dès lors, dans une seconde étude expérimentale où les CGESM étaient manipulées à l’aide de vignettes (N = 220), nous avons testé la relation d’antécédence présumée entre les CGESM et la stratégie de mobilité individuelle particulière qu’est le pouvoir sexuel individuel. Afin d’établir un parallèle plus complet avec la théorie de l’identité sociale, le lien entre les CGESM et l’intention de s’engager dans des actions collectives visant à lutter contre les agressions sexuelles a aussi été étudié. Enfin, nous avons examiné le rôle modérateur de la perméabilité des frontières intergroupes liée au statut social (i.e., degré auquel les membres des groupes désavantagés pensent, par le biais d’efforts individuels, pouvoir accéder aux ressources d’autres groupes plus avantagés) (Armenta et al., 2017) dans la relation entre CGESM et (1) pouvoir sexuel individuel et (2) l’intention de s’engager dans ce type d’actions collectives. Les données n’ont pas permis de confirmer nos hypothèses, aucun des effets postulés n’étant statistiquement significatif. Plusieurs explications sont proposées pour rendre compte de ces résultats non-significatifs et les implications sociétales ainsi que les pistes pour la recherche future sont également discutées.