L’insertion socioprofessionnelle des personnes analphabètes

Les dispositifs d’insertion socioprofessionnelle actuels, en plus d’être inefficaces sur l’insertion professionnelle d’un public analphabète, peuvent aussi, à long terme, amener à leurs exclusions sociales. Dans la partie d’économie, nous avons constaté qu’il existait une multitude d’obstacles à l’insertion sociale et professionnelle des personnes analphabètes. En effet, deux causes principales ont été relevées : la linéarité des parcours d’insertion et l’isolement de l’alphabétisation des actions en lien avec l’emploi . D’une part, nous avons vu que l’insertion des personnes analphabètes se caractérise par un parcours linéaire, c’est-à-dire que les personnes analphabètes vont se voir orienter vers un centre d’alphabétisation dans lequel des compétences de bases seront développées. Ensuite, ces compétences leur permettront d’entamer une formation professionnelle dans l’objectif d’accéder à un emploi. Ainsi, le parcours d’insertion débute systématiquement par la formation d’alphabétisation alors que le décret prévoit d’autres actions telles que la formation professionnelle et l’accompagnement à la recherche d’emploi. Autrement dit, une personne analphabète ne peut accéder à des actions autres que la formation d’alphabétisation car elles nécessitent une maitrise suffisante de la langue française. D’autre part, nous avons constaté l'isolement de la formation d’alphabétisation par rapport aux autres actions d’insertion qui sont en lien direct avec l’emploi. Pour rappel, en raison de la complexité des tests pour entrer en formation qualifiante ou dans les ateliers de formation par le travail, les personnes analphabètes étaient touchées par une inégalité d’accès de par leur analphabétisme. Assurément, les actions ouvertes à tout public entrainent une compétition entre les candidats et donc l’exclusion de ceux qui possèdent le moins de compétences et de qualifications. Selon nous, ces deux constats contribuent à l’ « échec » du dispositif ISP non pas parce qu’il ne mène pas facilement à un emploi mais parce que nous considérons que celui-ci mène à l’exclusion d’une certaine catégorie de profils (les analphabètes) d’accéder à l’emploi. Ainsi, le dispositif ne répond pas à son objectif principal qui consiste en la liberté de chaque individu de choisir son cheminement vers l’emploi à travers les différentes actions qu’il propose. En ayant conscience de ces obstacles, les demandeurs d’emploi qui connaissent déjà des situations difficiles, se retrouveront dans un processus qui engendre des inégalités. Ce même processus d’insertion qui a pour but d’être une stratégie de défense face aux effets néfastes du chômage va contribuer à l’apparition de nouveaux effets négatifs.