La sécurité des travailleurs humanitaires à l'épreuve des nouvelles conflictualités : application au cas du conflit somalien de 1991 à 1998

La Somalie serait possiblement l’un des pays le plus pauvre du monde. D’ailleurs en janvier 1992, Andrew Natsios déclarait, devant le Congrès américain, que : « la Somalie représentait la plus grande urgence humanitaire du monde »144.En effet, la nouvelle réalité de l'action humanitaire rime désormais avec la fin de l’innocence : le Cambodge, Rwanda, Haïti, la Bosnie, le Kosovo pour n’en citer que celles-ci et la Somalie de façon plus spécifique. En effet combien d'interventions destinées à alléger les souffrances des populations, voire à restaurer un climat de paix, ont eu des conséquences autres, imprévues ? Depuis la fin de la bipolarisation du monde avec la fin de la guerre froide, les conflits internes se sont multipliés, de nouveaux acteurs sont apparus. Les nouvelles formes de conflits laissent peu de place à l’application du DIH, peu de place à l’humanité, car on ne fait plus la guerre pour gagner, mais pour éliminer l’autre ; les civils deviennent des dommages collatéraux des violences, les vieillards, les femmes et les enfants sont massacrés, les limites de l'humanité sont atteintes. Dans ces contextes, il y a peu de chance que le personnel humanitaire puisse jouir d'une quelconque immunité. Les incidents de sécurité touchant le personnel humanitaire se sont alors ainsi multipliés et ne sont plus le fruit d’un accident, mais le produit d’attaques ciblées car de plus en plus, les parties au conflit ne croient plus en leur neutralité, mais sont convaincues qu’ils sont à la solde de leurs gouvernements pour baliser le chemin qui mène au pillage des ressources des zones théâtres de conflits (on accuse les acteurs humanitaires d’avoir des agendas cachés). D’autres y voient un moyen d’obtenir des rançons pour financer leur entretien, mais aussi leur équipement en moyens de guerre. Dans le cas de la crise Somalienne 91-98, elle a mené à une prise de conscience auprès des acteurs humanitaires, qui confrontés à l’insécurité, et l’incapacité des forces armées des NU’s, et des pays membres mandatés, d’assurer une protection pour les travailleurs humanitaires, ont dû développer des nouvelles stratégies.