Debruyne, Céline
[UCL]
Donners, Camille
[UCL]
Wyngaerden, François
[UCL]
Contexte : La pair-aidance est une solution innovante proposée pour lutter contre le phénomène de « porte-tournante » dans les soins psychiatriques. Il s’agit d’un ex-usager des services de santé mentale et/ou de précarité que l’on dit rétabli et qui, par le partage de son expérience de vécu, accompagne des bénéficiaires actuels de tels services vers leur rétablissement. Selon la littérature, les apports de cette pratique sont multiples et concernent autant les usagers, que les professionnels et les pairs-aidants; pour n’en citer que quelques-uns: regain d’espoir, augmentation de la compréhension soignant/soigné et diminution de la stigmatisation. Bien que ces pratiques s’inscrivant majoritairement dans les pays anglophones soient présentes dans différents pays du monde (Etats-Unis, Canada, Royaume-Unis et France par exemple), en 2017, on ne recensait que deux exemples de pairs-aidants salariés en Belgique francophone. Pourtant une formation en pair-aidance et précarité est dispensée par l’UMons depuis 2016. Dès lors nous nous interrogeons. Pourquoi seules de rares intégrations ont pris place actuellement en Belgique francophone ? Y a-t-il des résistances de la part des soignants ? D’autres de la part des pairs-aidants ? Leurs projets et leurs visions des soins se rencontrent-ils ? Méthode : Afin de répondre à ces questions nous avons réalisé deux études qualitatives. Sous formes d’entretiens semi-directifs, 14 pair-aidants et 22 soignants traditionnels de Belgique francophone ainsi que le service des sciences de la famille de l’UMons ont été rencontrés afin de mettre en exergue de manière holistique les différents blocages de cette intégration. Résultats : Les craintes de rechute et de remplacement d’un professionnel par un pair-aidant, le manque de clarté du rôle et de statut ainsi que des insatisfactions par rapport à la formation des pairs-aidants et la plus-value de leur fonction ont été nommés comme influençant négativement l’intégration. Discussion : Il nous semble, qu’outre les éléments liés au contexte belge, les craintes sont liées à la personnalité du pair-aidant et à une méconnaissance de la pair-aidance et des principes qui la régissent par les professionnels. Des solutions pour luter contre ces blocages sont proposées par les pairs-aidants. Elles mériteraient d’être travaillées avec les professionnels de santé traditionnels, que leur pratique soit orientée ou non vers le rétablissement. Conclusion : Cette recherche vaudrait la peine d’être à nouveau réalisée dans quelques années, après que la pair-aidance ait eu l’occasion de plus se développer. Il n’y a encore eu à présent que trop peu d’expérience d’intégration et celles-ci n’ont pas été réitérées en cas d’échec. De plus, étant donné le nombre de postes limités, les pairs-aidants rencontrés n’ont également que peu d’expériences professionnelles dans le domaine. Enfin, il nous semble intéressant que les études internationales s’intéressent aux résultats des programmes de pair-aidance déjà existants et notamment plus en profondeur aux points de vue des professionnels et des usagers.


Bibliographic reference |
Debruyne, Céline ; Donners, Camille. Intégration de la pair-aidance dans une unité de soins psychiatriques de Belgique francophone : Résistances des pairs-aidants et/ou résistances des équipes soignantes ?. Faculté de santé publique, Université catholique de Louvain, 2020. Prom. : Wyngaerden, François. |
Permanent URL |
http://hdl.handle.net/2078.1/thesis:22857 |