« Une femme, L’autre fille : deux récits hantés par le deuil et le langage »

Ambre Sanchez, « Une femme, L’autre fille : deux récits hantés par le deuil et le langage » Année académique 2019-2020, session de janvier. Promoteur : Pierre Piret. Co-promotrice : Alice Richir. Annie Ernaux est une auteure française qui se distingue sur la scène littéraire via un retour du sujet et de sa mise en scène dans le genre autobiographique. Cette subjectivité a la particularité d’être transcendée par un « je transpersonnel », terme de l’auteure, qui exprime l’expérience collective via une expérience personnelle. Cette étude s’intéresse à cette poétique particulière qui est significative du besoin de l’auteure d’intégrer l’Autre dans son écriture. Le corpus choisi est significatif de cet accès via l’Autre pour se dire, en effet, la narratrice entreprend de dire sa sœur et sa mère afin de se trouver elle-même. Les récits intitulés Une femme et L’autre fille s’articulent autour de ces deux figures décédées qui invitent à la représentation textuelle. En effet, le deuil engendre le geste scriptural dans ces récits et il impose sa logique à l’écriture : il implique la présence de spectres qui viennent hanter la narratrice. Ces deux fantômes répondent à l’impossibilité de supporter la mort, mais sont également le reflet de l’indicible de la langue : ils représentent le manque. La narratrice, pour dire ces deux figures, doit user du langage, lui-même toujours incomplet car contaminé par l’Autre, et pourtant c’est en passant par ces figures de l’altérité qu’elle entreprend de se dire. Il semble donc a priori impossible de créer une sépulture en ayant recours à la parole, mais c’est en passant par cet Autre du langage et par les figures de l’altérité que sont sa sœur et sa mère que la narratrice réussit à singulariser sa parole.