Qui est la communauté éthique ? Expérience de l'identité partagée et de l'altérité : du débat entre le cosmopolitisme et le nationalisme à la phénoménologie

Le débat en philosophie politique entre nationalisme et cosmopolitisme soulève la question de l’appartenance de l’individu à une communauté éthique : à quelle communauté éthique l’individu répond-il ? En somme, il s’agit d’identifier « Qui est la communauté éthique ? ». Ce débat soulève plusieurs difficultés. La question de l’expérience du vivre ensemble, soit l’expérience de l’identité partagée et de l’altérité que ce vivre ensemble implique, est actuellement éludée. Notre hypothèse est qu’il est adéquat de revenir à l’expérience d’identité partagée et d’altérité afin d’ouvrir le débat. Du point de vue formel, ce débat est majoritairement mené par des euro-américains dont les positions de Nussbaum et Miller. Or, cela revient à se priver d’un regard global sur la question. Nous l’ouvrirons avec Menkiti. D’un point de vue plus substantiel, il apparaît que ce débat traite de manière confuse et indifférenciée de différents sujets, notamment une confusion de registre entre l’institutionnel et les questions substantielles de vie en communauté. Il s’agit de remettre la question du vivre ensemble au centre du débat et surtout de l’expérience qui est faite de l’identité partagée et de l’altérité. La phénoménologie place la question de l’expérience relationnelle de la conscience au monde au centre de sa démarche et offre ainsi une ouverture au débat qui nous occupe. Par leurs positions complémentaires, Levinas et Sartre permettent d’identifier deux aspects de cette question de la communauté éthique en philosophie politique. Le premier relève des conditions de possibilité de la communauté éthique en tant que telle, il s’agit de la rencontre à l’altérité et de son appel transcendantal au sein duquel se trouve l’exigence éthique. L’autre aspect concerne l’advenue d’une communauté éthique en soi traversée par une forme particulière d’expérience d’identité partagée.