Approche de l’identité des éleveurs laitiers, en lien avec leurs pratiques d’élevage et les facteurs de contexte

La durabilité du système laitier en Wallonie soulève beaucoup de questions. Le devenir de la production et sa valorisation nécessitent une attention toute particulière. C’est dans ce cadre que cette étude se penche sur les acteurs de terrains et tente de clarifier la position des éleveurs laitiers dans leur environnement. Leur identité est analysée en lien avec leurs pratiques et les paramètres contextuels d’influence. Cette étude qui ne se veut pas exhaustive s’appuie sur une vision compréhensive du système complexe qu’est l’identité des éleveurs laitiers. La méthodologie choisie est qualitative. Le cadre d’étude a été fixé aux régions agricoles wallonnes de Haute Ardenne et de la région herbagère liégeoise. L’éleveur est vu comme étant empreint d’un ensemble d’identités qui peuvent être en partie décelées à partir de pratiques réalisées sur l’exploitation. Celles-ci sont nommés « identités de saillance ». De plus, les éleveurs manifestent leurs identités à travers des perceptions personnelles et subjectives, qui sont appelées identités « d’importance ». Au-delà de ces deux niveaux de description de leurs identités professionnelles, les éleveurs laitiers possèdent tout un panel d’identités personnelles. Une identité théorique commune à tous les acteurs est certainement celle d’éleveur laitier. Le rôle internalisé des acteurs pour cette identité est celle de la production de lait. Sur le terrain, des choix plus particuliers de pratiques sont réalisés par les acteurs, donnant lieu à des identités de saillance liées aux pratiques effectivement réalisées. Si les éleveurs ont un objectif commun, ce dernier va s’exprimer en pratique de manière différente en fonction des compromis entre idéaux et pratiques que tout individu doit faire lors des prises de décision. Les identités de saillance peuvent être regroupées en trois groupes dans les régions d’étude : « les transformateurs », « les diversifiés » et « les laitiers purs ». Au vu des identités de saillance partagées, les sous-groupes sont homogènes en termes de pratiques réalisées sur l’exploitation. Au sein de ces sous-groupes, des visions de soi communes et correspondant à des identités d’importance sont également partagées par les acteurs. Des paramètres d’influence ont été analysés à travers les trois sous-groupes : les idéaux, les influences sociales ou encore le contexte géographique. Ces paramètres tendent cependant à ne plus présenter les trois sous-groupes comme étant fortement homogènes ou du moins distinctifs les uns des autres. Leurs influences ne se limitent donc pas uniquement aux pratiques agricoles mais portent sur une partie plus large de l’identité.