Dépérissement du chêne pédonculé : les stress hydriques comme cause du dysfonctionnement du système conducteur ?

Depuis cette dernière décennie, de nombreux peuplements de chêne pédonculé wallons montrent des symptômes de dépérissement. Ce dépérissement se caractérise par une baisse de vitalité des arbres, et peut être dû à de nombreux facteurs dont des événements climatiques extrêmes. Parmi ceux-ci, les stress hydriques ont été identifiés comme une cause majeure du dépérissement. Ces stress hydriques peuvent causer un dysfonctionnement du système conducteur de l’arbre en bloquant net la circulation de l’eau par cavitation ou en diminuant progressivement la conductivité hydraulique d’une année à l’autre. L’objectif de ce travail consiste à tester l’hypothèse d’un dysfonctionnement du système conducteur comme cause de dépérissement, voire de mortalité du chêne pédonculé, en approfondissant particulièrement le rôle des stress hydriques. Pour cela, différents indicateurs de croissance radiale (largeur de cerne, largeur de bois initial et final) et d’anatomie du système conducteur (conductivité hydraulique, surface et nombre des vaisseaux ainsi que la présence de thylloses) ont été mesurés pour des arbres de trois états sanitaires différents (sains, dépérissants et morts). Ces résultats ont été mis en relation avec des données de stress hydriques édaphiques modélisés. Les arbres échantillonnés proviennent des sites de Sadzot (chênes pédonculés dépérissants et morts) et de Gros Tier (chênes pédonculés sains), tout deux en province du Luxembourg. L’étude de la croissance radiale et des variables de vaisseaux n’a pas identifié les stress hydriques comme la cause majeure du dépérissement des chênes pédonculés sur le site de Sadzot. Un affaiblissement a tout de même été constaté au travers des mesures du bois initial à partir de 2002, qui a diminué en parallèle avec la conductivité hydraulique et le nombre de vaisseaux. Cette diminution a pour conséquence un système conducteur moins efficace, qui, avec un manque de réserve en hydrates de carbone a probablement mené à la mortalité de certains arbres. Les dysfonctionnements du système conducteur par embolie et par thylloses n’ont pas pu être mis en évidence. Nous émettons donc l’hypothèse que la mortalité sur le site de Sadzot s’explique par la présence de facteurs prédisposants (inadéquation stationnelle et origine du peuplement) en interaction avec les effets du climat (sécheresses et hivers rigoureux) et des autres aléas (chenilles défoliatrices).